Origine et histoire du Surréalisme
Découvrez le surréalisme, le mouvement artistique où les artistes peintres s'inspirent du subconscient pour réalisés leurs oeuvres d'art.
Article par Sylvain Marengère, Arts3
Cet article couvrira:
- Introduction au mouvement surréalisme
- Débuts du surréalisme
- La grande période du mouvement surréaliste
- Seconde guerre mondiale et période d'après-guerre
- La fin du surréalisme
- Surréalisme & dadaïsme
- Manifeste du surréalisme
- Les branches du surréalisme
- L'écriture surréaliste
- La peinture surréaliste
- La cinéma surréaliste
- L'héritage du mouvement artistique
- Artistes surréalistes célèbres
- Femmes surréalistes
- Chronologie du surréalisme
- Questions les plus demandées sur le surréalisme
- Définitions dans le surréalisme
- Citations et proverbes
- Galerie d’œuvres surréalistes
Le surréalisme est un mouvement de l’art moderne qui aura une grande influence sur le cinéma, l’art pictural et la litérature. Le mouvement artistique naît en 1929, quand l’écrivain et théoricien André Breton décide de se séparer définitivement du mouvement dada. Le surréalisme rassemble des icônes de l’art moderne, tels Salvador Dalí, René Magritte, Luis Buñuel, Max Ernst, Joan Míro et Man Ray.
Introduction au mouvement surréalisme
Le surréalisme est l'un des mouvements les plus représentatifs de la pensée du 20e siècle. Il poursuit les inventions du cubisme. La peinture y est onirique, pleine de messages et de sens cachés.
Le mouvement artistique surréaliste s’imposa principalement entre la 1ere et la 2e Guerre mondiale.
Naissance du mouvement surréaliste
Plusieurs courants artistiques annoncent la naissance de la peinture surréaliste. Parmi ceux-ci, on peut noter le naturalisme, le symbolisme et le cubisme.
Le surréalisme est néanmoins principalement né du mouvement Dada. Le dadaïsme, dont le nom a été créé au hasard, se voulait être une réaction contre la Première Guerre mondiale et les conventions de l'époque.
Le surréalisme naît en 1926, en réaction au risque d'une nouvelle guerre, sous le manifeste du surréalisme écrit par André Breton.
Influence de la psychanalyse
À cette époque, les théories psychanalytiques de Freud fascinent les gens et surtout les artistes. On y traite du subconscient, de l'inconscient et de l'interprétation des rêves.
Ces nouvelles théories inspirent les peintres qui voient dans ces sujets de nouvelles techniques d'explorations picturales et souhaitent tirer parti de ce monde imaginaire et onirique.
Les peintres ne désirent pas interpréter leurs rêves. Ils souhaitent les mettre en scène esthétiquement sur la toile, les représenter en puisant directement dans leur inconscient. Leurs tableaux décrivent le fonctionnement de leur imagination, ils sont une description de la mécanique de la pensée.
Le Surréalisme au service de la révolution
La Révolution surréaliste, revue crée en 1924, fut dirigée par Pierre Naville et par Benjamin Péret.
C’est en 1930 qu’ils choisirent de modifier son nom pour « Le Surréalisme au service de la révolution », démontrant clairement la tendance politique du mouvement.
Première exposition surréaliste
Ce n’est qu’à partir de 1936 qu’eurent lieu les premières expositions internationales surréalistes.
Après ces fameuses expositions dont la plus célèbre eut lieu à la Galerie des Beaux-Arts de Paris, en 1938, l’évolution esthétique due au surréalisme marqua l’histoire.
Les artistes actifs de la peinture surréaliste
Il existe de nombreux artistes surréalistes, tous très créatifs et novateurs.
Parmi ceux-ci, nous pouvons citer Salvator Dali, le plus fantasque et excentrique peintre surréaliste, Max Ernst, qui peuple ses toiles de personnages oniriques, René Magritte, maître de la peinture en trompe-l'oeil qui allie les jeux de mots et les jeux de sens, ou encore Marc Chagall et De Chirico.
L'atmosphère onirique caractérise tous ces artistes qui allient le monde intérieur à des messages invitant à la réflexion.
Querelles entre les artistes surréalistes
L’engagement politique du mouvement engendré par André Breton fut la cause principale d’une multitude de querelles entre les artistes surréalistes.
À la fin des années 1920 : le Second Manifeste du surréalisme, publié en 1929, souligne l’arrivée de nouveaux membres ainsi que la réconciliation avec Tzara.
Entre 1925 et 1933, il y eut plusieurs oppositions auprès de Breton. Le groupe composé d’André Masson, Joan Miró, Michel Leiris et Antonin Artaud rejoignit Georges Bataille et la revue Documents puis qualifièrent le travail de Breton de « matérialisme vulgaire ».
En revanche, le groupe formé de Jacques Prévert, Marcel Duhamel et Yves Tanguy, s’éloigne radicalement du mouvement. En 1929, Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal, Roger Vailland et le peintre tchèque Joseph Sima créèrent, également en opposition à Breton, la revue le Grand Jeu.
En 1933, les surréalistes de toutes allégeances se rassemblent et participèrent à la revue Minotaure, fondée par l’éditeur Albert Skira. En 1937, André Breton en devint le rédacteur en chef.
L'influence du surréalisme
Le surréalisme influença d’importants mouvements littéraires et artistiques dans les années 60. Les artistes du Pop art et les « nouveaux réalistes » se prétendaient d’ailleurs adeptes du mouvement. En 1969, trois ans après la mort d’André Breton, Jean Schuster signa officiellement, dans le quotidien le Monde, l’acte de décès du mouvement.
Débuts du surréalisme, les premières inspirations
La Première Guerre mondiale dispersa les écrivains et les artistes qui étaient à Paris. Nombreux étaient impliqués dans le mouvement Dada, et estimaient que la pensée rationnelle excessive et les valeurs bourgeoises étaient à l’origine de ce terrifiant conflit dans le monde.
Les influences du dadaïsme
Les dadaïstes protestèrent avec des rencontres anti-rationnelles et anti-art, des spectacles, de l'écriture et des oeuvres d'art. Après la guerre, quand ils retournèrent à Paris, les activités Dada continuèrent.
Au cours de la guerre, le chef en devenir du surréalisme André Breton, possédant une formation en médecine et en psychiatrie, servi dans un hôpital neurologique où il utilisa les méthodes psychanalytiques de Sigmund Freud sur des soldats. Il rencontra également le jeune écrivain Jacques Vache.
Breton écrivit : « Dans la littérature, j’ai eu pour inspiration Rimbaud, Jarry, Apollinaire et Lautréamont, successivement, mais c'est à Jacques Vache que je dois le plus. »
Pour plus d'information sur le dadaïsme, je vous conseil cet article complètement consacrer à l’histoire de l’art Dadaiste.
Les débuts du surréalisme dans la littérature
De retour à Paris, Breton se joignit aux activités des dadaïstes et inaugura la revue littéraire « Littérature » avec Louis Aragon et Philippe Soupault. Ils commencèrent à expérimenter avec l'écriture automatique en écrivant spontanément leurs pensées, sans aucune censure.
Breton et Soupault plongèrent plus profondément dans l'automatisme et rédigèrent « Les champs magnétiques », en 1919. Ils poursuivirent l'écriture automatique en plus de recruter de plus en plus d'artistes et d'écrivains dans le groupe.
Ils en vinrent alors à croire que l'écriture automatique était une meilleure tactique pour l'évolution de la société que d’attaquer les valeurs à la façon Dada.
L'influence de Freud
Les travaux de Freud sur la liberté d'association, l'analyse des rêves et l'inconscient furent de la plus haute importance pour les surréalistes afin de mettre au point des méthodes pour libérer l'imagination.
Ils adoptèrent toutefois une idiosyncrasie, tout en rejetant l'idée d'une folie sous-jacente ou de l'obscurité de l'esprit. Plus tard, l’idiosyncrasique Salvador Dalí déclara : « Il n'y a qu'une seule différence entre le fou et moi : je ne suis pas fou. »
Le groupe visait à révolutionner l'expérience humaine, y compris ses aspects personnels, culturels et sociaux, en libérant les gens de ce qu'ils considéraient comme une fausse rationalité.
La Révolution surréaliste
Breton proclamait que le véritable objectif du surréalisme était : « Vive la révolution sociale ! » Pour atteindre cet objectif, les surréalistes s’associèrent, à divers moments, au communisme et à l'anarchisme.
En 1924, ils déclarèrent leurs intentions avec la publication du premier Manifeste du surréalisme. Cette même année, ils créèrent le Bureau de la recherche surréaliste et commencèrent à publier la revue La Révolution surréaliste.
La grande période du mouvement surréaliste
Tout au long des années 30, le surréalisme continua à devenir de plus en plus visible au grand public. Les « Expositions internationales du surréalisme », à Londres en 1936, d’un groupe surréaliste développé en Grande-Bretagne, furent, selon Breton, une grande empreinte de la période et devinrent un modèle pour les expositions internationales.
Dali et Magritte créèrent les images les plus largement reconnues du mouvement. Dali joignit le groupe en 1929 et participa à la mise en place rapide du style visuel, entre 1930 et 1935.
Le surréalisme, comme mouvement artistique visuel, avait trouvé une méthode : exposer la vérité psychologique en éliminant l'importance des objets ordinaires afin de créer une image au-delà de l'ordinaire et de susciter l'empathie du spectateur.
Premières oeuvres surréalistes marquantes
1931 fut une année où plusieurs peintres surréalistes produisirent des oeuvres marquantes dans l’évolution stylistique.
« La voix des airs », de Magritte, est un exemple de ce processus où les trois boules représentent de grandes cloches accrochées au-dessus d'un paysage.
Un autre paysage surréaliste de cette même année est « Le palais promontoire » d’Yves Tanguy, avec ses formes fondues et liquides. Les formes liquides devinrent la marque de commerce de Dali, en particulier dans son oeuvre « La persistance de la mémoire » qui comprend l'image de montres qui s'affaissent comme si elles fusionnaient.
De 1936 à 1938, Wolfgang Paalen, Gordon Onslow Ford et Roberto Matta rejoignirent le groupe. Paalen, avec sa technique de « Fumage », et Onslow Ford, avec son « Coulage » contribuèrent à créer des nouvelles techniques picturales automatiques.
Le surréalisme dans l'art visuel
Longtemps après les tensions personnelles, politiques et professionnelles qui fragmentèrent le groupe surréaliste, Magritte et Dali continuèrent à définir un programme visuel dans le domaine des arts.
Ce programme était au-delà de la peinture, englobant aussi la photographie, comme on peut le voir à partir d'un autoportrait de Man Ray dont l'assemblage influença la boîte à collage de Robert Rauschenberg.
Au cours des années 30, Peggy Guggenheim, une importante collectionneuse d'art américaine mariée à Max Ernst, commença à promouvoir le travail des autres surréalistes tels que Tanguy et l'artiste britannique John Tunnard.
Les grandes expositions dans les années 1930
- 1936 – Une exposition surréaliste internationale est organisée à Londres par l'historien de l'art Herbert Read, avec une introduction par André Breton.
- 1936 – Le Musée d'Art Moderne de New York monte l'exposition Fantastic Art, Dada et le surréalisme.
- 1938 – Une nouvelle exposition surréaliste internationale est tenue à la galerie des Beaux-Arts de Paris, avec plus de 60 artistes de différents pays et montre environ 300 peintures, objets, collages, photographies et installations.
Une exposition surréaliste qui crée un scandale
Les surréalistes veulent créer une exposition qui, en soi, soit un acte de création et ils demandent à Marcel Duchamp de le faire.
À l'entrée de l'exposition, il place le taxi de Salvador Dali pour saluer les clients en tenue de soirée. Cette pièce est en fait un taxi qui produit une bruine constante, de l'intérieur de la fenêtre, une tête de requin sur le siège conducteur et un mannequin blond rampant avec des escargots à l'arrière. Une rue surréaliste remplit l'un des côtés du hall d'accueil avec des mannequins habillés par divers surréalistes.
Duchamp conçoit le hall principal pour ressembler à une grotte souterraine avec 1200 sacs de charbon suspendus au plafond. Une seule ampoule fournissant l’éclairage, une lampe de poche est donnée à chaque visiteur pour contempler les oeuvres à l'intérieur. Le tapis est rempli de feuilles mortes, de fougères et d'herbes, et l’arôme de torréfaction du café remplit l'air.
À la satisfaction des surréalistes, l'exposition scandalise les spectateurs.
Seconde guerre mondiale et période d'après-guerre
La Seconde Guerre mondiale créa le chaos, non seulement pour l'ensemble de la population européenne, mais aussi pour les artistes et les écrivains qui s'opposaient au fascisme et au nazisme.
Les surréalistes en Amérique
De nombreux artistes fuirent vers l'Amérique du Nord, à la recherche d'une sécurité aux États-Unis. La communauté artistique de la ville de New York était déjà plongée dans le surréalisme et plusieurs artistes comme Arshile Gorky, Jackson Pollock, Robert Motherwell et Roberto Matta, établirent une étroite collaboration avec les artistes surréalistes eux-mêmes.
Leurs idées concernant l'inconscient et le rêve furent rapidement adoptées.
Après la Seconde Guerre mondiale, le goût de l'avant-garde américain bascula vers l'expressionnisme abstrait avec l'appui de personnes influentes telles que Peggy Guggenheim, Leo Steinberg et Clement Greenberg.
Rencontre avec l'expressionnisme abstrait
Toutefois, il ne faut pas oublier que l'expressionnisme abstrait fut créé directement des réunions d'artistes surréalistes américains auto-exilés pendant la Seconde Guerre mondiale. Arshile Gorky et Wolfgang Paalen influencèrent particulièrement le développement de cette forme d'art américain qui, comme le surréalisme, célébrait l'acte créatif instantané.
Les premières oeuvres de plusieurs artistes expressionnistes tels que Rauschenberg révélèrent un lien étroit entre les aspects superficiels de ces deux mouvements et l'émergence d'aspects dadaïstes.
Pour plus d'information sur l’expressionnisme abstrait, je vous invite à voir ce dossier complètement consacrer à l’expressionnisme abstrait.
La Seconde Guerre mondiale éclipsa pour un certain temps presque toute la production artistique.
Les différentes publications surréalistes
En 1941, Breton se rendit aux États-Unis, où il co-fonda l'éphémère revue VVV avec Max Ernst, Marcel Duchamp et David Hare.
Toutefois, ce fut le poète américain, Charles Henri Ford et son magazine View (Voir) qui offra un véritable canal pour la promotion du surréalisme aux États-Unis. L'édition spéciale sur Duchamp fut cruciale pour la compréhension du surréalisme par le public américain. Cela souligna les connexions avec les méthodes surréalistes, offrant diverses interprétations de son oeuvre ainsi que la vision de Breton que Duchamp eut été le pont entre le début des mouvements modernes tels que le futurisme et le cubisme, et le surréalisme.
Wolfgang Paalen quitta le groupe en 1942 pour des raisons de divergences philosophiques et politiques avec Breton pour fonder le journal Dyn.
Le surréalisme, un mouvement fort
Bien que la guerre eut été perturbatrice pour le surréalisme, les travaux continuèrent. De nombreux artistes surréalistes continuèrent à explorer le vocabulaire, y compris René Magritte. De nombreux membres du mouvement surréaliste continuèrent à correspondre et à se rencontrer.
Alors que Dalí fut excommunié du groupe par André Breton, il n’abandonna pas les thématiques surréalistes dans ses peintures, y compris les références à son oeuvre « La persistance du temps ». Sa période classique ne fut pas une rupture forte avec le passé, si bien que certains, comme Thirion, dirent de son travail qu'il y avait des oeuvres qui, après cette période, continuèrent à avoir une certaine pertinence pour le mouvement.
Le surréalisme en Angleterre
Au cours des années 1940, l'influence du surréalisme fut ressentie autant en Angleterre qu'en Amérique. Mark Rothko avait un intérêt dans les formes biomorphiques.En Angleterre, Henry Moore, Lucian Freud, Francis Bacon et Paul Nash utilisèrent ou expérimentèrent des techniques de surréalisme.
Conroy Maddox, l'un des premiers Britanniques dont le travail surréaliste date de 1935, demeura au sein du mouvement et organisa une exposition surréaliste, en 1978, en réponse à une précédente exposition qui lui déplut, car elle ne représentait pas correctement le surréalisme.
L'exposition de Maddox, intitulée Surrealism Unlimited (Surréalisme illimité), eut lieu à Paris et attira l'attention de la communauté internationale. Sa dernière exposition solo eut lieu en 2002, et il mourut trois ans plus tard.
Magritte continua de produire des oeuvres plus réalistes avec des objets réels, tout en maintenant l'élément de juxtaposition, comme dans les oeuvres Les Valeurs Personnelles et l'Empire de la Lumière.
Fin du surréalisme ? Malgré la popularité du mouvement
Le surréalisme se dissout peu à peu, en raison des dissensions grandissantes des têtes fortes du mouvement.
Il n'y a pas de consensus clair sur la fin, ou s'il y eut une fin au mouvement surréaliste. Certains historiens de l'art disent que c’est la Seconde Guerre mondiale qui rompît le mouvement.
Mort d'André Breton et de Salvador Dali
Toutefois, l'historien de l'art Sarane Alexandrian croit que c’est la mort d'André Breton, en 1966 qui marqua la fin du surréalisme comme mouvement organisé. Il y eut également des tentatives pour associer la mort de Salvador Dalí à la fin du mouvement, en 1989.
Le surréalisme des années 1960
Dans les années 1960, un groupe d'artistes et d'écrivains fut étroitement associé au surréalisme. Pendant que Guy Debord critiquait et se distanciait lui-même du surréalisme, d'autres, comme Asger Jorn, utilisaient des techniques et des méthodes surréalistes. Certains événements, en 1968, en France, reprenaient un certain nombre d'idées surréalistes et les slogans peints sur les murs de la Sorbonne par des étudiants furent reliés au surréalisme.
En Europe et dans le monde entier, depuis les années 1960, des artistes combinent le surréalisme à ce que l'on croit être une technique classique du 16e siècle pour créer « Mischtechnik », une sorte de mélange redécouvert par Ernst Fuchs et qui est maintenant pratiqué et enseigné par de nombreux disciples, dont Robert Venosa et Chris Mars. L'ancien conservateur du San Francisco Museum of Modern Art, Michael Bell, nomma ce style "surréalisme vériste", représentant un monde analogue au monde des rêves décrit avec une clarté méticuleuse et très détaillée.
L'Orange alternative, le surréalisme en politique
Au cours des années 1980, derrière le rideau de fer, le surréalisme fit un nouveau bond en politique avec un mouvement artistique d'opposition connu sous le nom de Orange alternative.
Orange alternative fut créé en 1981 par Waldemar Fydrych, un diplômé de l'histoire de l'art de l'Université de Wroclaw.
Ils utilisèrent des symboles et des terminologies surréalistes dans des événements de grande envergure organisés dans certaines villes polonaises au cours du régime Jaruzelski. Ils peignèrent notamment des graffitis présentant des slogans anti-régime. Major fut l'auteur du Manifeste socialiste du surréalisme. Dans ce manifeste, il déclara que le système du parti socialiste (communiste) était devenu tellement surréaliste qu'il était devenu, lui-même, une expression artistique.
L'art surréaliste demeura populaire auprès des musées d'art
Le Guggenheim Museum à New York tenu, en 1999, l'exposition Two Private Eyes et, en 2001, le Tate Modern réalisa une exposition surréaliste qui attira plus de 170 000 visiteurs. En 2002, le Met de New York organisa un spectacle et le Centre Georges Pompidou de Paris tenu aussi une exposition surréaliste.
Cependant, le mouvement artistique reste sans contredit l’un des plus importants du 20e siècle, et l’un de ceux qui a fait connaître au monde les artistes les plus célèbres.
Surréalisme & dadaïsme, l'enflure anarchiste
La Première Guerre mondiale engendre une aventure politique où les artistes affirment leur antinationalisme haut et fort. À la recherche d’une façon de contester contre la guerre qui détruit tout, ils se retournent contre la société et se lancent dans la provocation extrême.
Un mouvement dit « politique » que l’on surnomme Dada, avec à sa tête le poète Tristan Tzara (Sami Rosenstock) (1896-1963), rassemble des têtes pour recréer le monde.
À Zurich, en 1916, ils ouvrent un dictionnaire, trouvent au hasard le mot Dada, et en baptisent le groupe.
Dada ne veut pas créer, mais détruire l’ordre établi, en commençant par l’art, en rejetant l’idée de chef-d’œuvre. Il fait descendre l’artiste de son piédestal et revendique un art à l’image de la vie. Il veut démolir le monde bourgeois avec ses propres armes pour construire un monde nouveau sur ses ruines.
Dans les années 20, le dadaïsme se désagrège et se divise en deux clans : les disciples de Tzara, et ceux de Breton. Breton veut instaurer le règne de l’esprit nouveau en explorant avec méthode le domaine du rêve.
Pour plus d'information sur le dadaïsme, je vous conseil cet article complètement consacrer à l’histoire de l’art Dadaiste.
Manifeste du surréalisme
En 1924, André Breton tire un trait sur Tristan Tzara et le mouvement dada, et fonde un tout nouveau paradigme artistique : le surréalisme. Le 15 octobre, Breton publie le premier Manifeste du surréalisme, qui inspirera des générations d’artistes à venir.
Quitter le mouvement Dadaisme
Désillusionné de l’apathie des dadaïstes, surtout de Tzara, qu’il a longtemps admiré, fort d’une popularité littéraire considérable et d’un cercle de collègues proches très impressionnant (comptant entre autres Louis Aragon, Robert Desnos, René Crevel et Francis Picabia), Breton quitte une fois pour toutes Dada en publiant le Manifeste du surréalisme.
Ce qui se voulait au départ une préface à son ouvrage Poisson soluble est finalement un livre à lui seul, qui détaille tout d’abord le cheminement de la littérature moderne jusqu’au moment de sa publication, et donne ensuite une première définition du surréalisme.
Définition de l'automatisme
Tel que défini par André Breton, le surréalisme est : « [L’]automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »
Le ton est donc lancé : dans cette définition, on retrouve à la fois des notions de psychanalyse, si chère à Breton, l’idée d’écriture automatique et d’écriture de l’inconscient, ainsi que celle de la liberté morale et esthétique. Peu de mouvements artistiques ont auparavant englobé l’art sous toutes ses formes : par la définition même du surréalisme, Breton invite à se joindre à ses collègues et lui des artistes de tous horizons.
Philosophie du manifeste
Élisabeth Kennel-Renaud, spécialiste de Breton et du surréalisme, scinde le Manifeste en 9 éléments, parmi lesquels le principe de l’écriture automatique ; l’appel à l’émerveillement ; l’hommage à l’imagination.
Le manifeste en lui-même est surréaliste : hétéroclite, il contient des passages purement théoriques, et d’autres d’écriture, comme celui que Kennel-Renaud décrit par l’appellation « collages de fragments de phrase », qui rappelle le procédé d’écriture surréaliste du Cadavre exquis.
Kennel-Renaud note aussi dans le manifeste une section qu’elle nomme : « Foi en la résolution du conflit entre rêve et réalité ».
En écriture comme au cinéma et dans l’art visuel, les surréalistes tenteront de connecter ces deux sphères de la conscience, que ce soit par l’abolition de la narration chez Buñuel, ou bien par les procédés de récit de rêves et d’écriture sous hypnose.
Premier manifeste surréaliste
Hommage à l’imagination, au rêve et à la liberté, le premier manifeste surréaliste annonce de belles années à venir pour les artistes du mouvement d’André Breton.
Dans le Second manifeste du surréalisme (1930), Breton se fera plus radical : rappelant que le surréalisme ne se réclame d’aucune morale et rejette tout endoctrinement politique, il en appelle cependant à l’implication sociale de tout artiste, ainsi qu’au rejet de l’appât du gain. Ce manifeste, qui critique plusieurs surréalistes actifs à l’époque, fait l’objet, entre autres, d’une solide réplique de Robert Desnos qui, dans Corps et Biens (1930), déplore la fin douloureuse, mais nécessaire d’une belle aventure.
Les branches du surréalisme : le rêve versus l’abstraction
Alors que nombre d’artistes surréalistes cherchent à recréer le monde onirique des rêves, l’autre moitié des membres se verse plus dans un art qui avoisine, et qui contribuera à donner plus tard, l’expressionnisme abstrait.
Un mouvement aussi étendu et rassemblant autant d’artistes que le surréalisme ne peut pas suivre une ligne esthétique, ou même philosophique, très serrée : tant d’esprits créateurs convergeant sur une même théorie sont voués à diverger à un moment où à un autre. De plus, le surréalisme, dont les trois mots d’ordre sont amour, liberté, poésie, laisse place à l’inventivité et à l’originalité.
Les illusionnistes
La première branche, que l’on pourrait qualifier d’illusionniste, rassemble des artistes tels que Salvador Dalí, René Magritte, Yves Tanguy et Max Ernst.
Moins intéressés par l’interprétation des rêves que par la capacité créatrice possible grâce à ceux-ci, les illusionnistes veulent créer des représentations réalistes d’état de sommeil ; dans leurs œuvres, les membres de cette branche du surréalisme incorporent des éléments de la nature, des animaux et même des figures humaines.
Cependant, à la manière des éléphants en échasses ou des montres coulantes de Dalí, les éléments réalistes tels qu’on les connaît subissent souvent des modifications hors de l’ordinaire dans ces toiles surréalistes. Les artistes de cette branche cherchent à créer un inconfort chez le spectateur, que ce soit en déformant l’ordinaire ou bien en associant des objets qui n’ont rien à voir dans la réalité, comme dans le Toréro hallucinogène de Dalí, dont la tête est imprimée entre deux Vénus de Milo, ou bien encore dans l’Invention collective de Magritte, qui présente une absurde figure à corps de poisson et à jambes d’homme.
L’abstraction
Les artistes qui ne penchent pas du côté de l’illusion penchent plutôt de celui de l’abstraction.
Parmi les partisans du surréalisme abstrait, on compte par exemple Joan Miró, André Masson, Roberto Matta et certaines œuvres de Max Ernst, qui ne se classent pas dans l’illusion. Les œuvres de cette branche du surréalisme se caractérisent entre autres par leur automatisme aigu, qui élimine toute représentation figurative, pour permettre à l’auteur — et par le fait même au spectateur — de comprendre pour lui-même les éléments et l’univers d’une œuvre.
Jouant avec les formes et les couleurs, l’Oiseau lunaire et les autres sculptures que Miró produit juste après la Seconde Guerre mondiale ne ressemblent à rien d’autre vu en sculpture jusque-là.
Dans les années 30, juste avant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs artistes européens, dont certains surréalistes, doivent fuir l’Europe pour moult raisons et s’embarquent donc pour l’Amérique. Cette vague d’immigration aura une part d’influence sur l’émergence, dans les années 1940, à New York, de l’expressionnisme abstrait.
Le surréalisme abstrait aura été un passage entre surréalisme pur et expressionnisme abstrait, dans lequel s’égareront, l’espace d’une toile ou deux, d’aussi grands noms que Jackson Pollock, Arshile Gorky et Robert Motherwell.
Pour plus d'information sur l’expressionnisme abstrait, je vous invite à voir ce dossier complètement consacrer à l’expressionnisme abstrait.
L'écriture surréaliste
Prônant le hasard et l’écriture du subconscient, libre de toutes barrières psychiques, le surréalisme se développe tout d’abord en littérature.
Dès 1913, André Breton, père du surréalisme, expérimente avec l’écriture automatique, procédé qui caractérisera l’écriture surréaliste, en cherchant à laisser la voix de l’inconscient s’exprimer sans bornes et sans logique.
Les récits de rêve, les cadavres exquis et l’écriture sous hypnose sont tous d’autres techniques utilisées par les surréalistes pour mêler le hasard et l’inconscient à l’écriture.
Écriture automatique
Pratiquée par la plupart des écrivains surréalistes, l’écriture automatique consiste à laisser champ libre à son cerveau, notant toute pensée spontanée sur du papier avant que la logique ne s’en empare et ne la reformule.
Le plus passif est l’écrivain, le plus l’écriture sera automatique — c’est du moins ce qu’affirme Breton, qui expérimente avec ce procédé dès 1913, soit presque une dizaine d’années avant les débuts du surréalisme. Son texte Les Champs magnétiques, publié en 1920, a par ailleurs été presque complètement rédigé selon le procédé d’écriture automatique.
Intimement liée à l’intérêt que porte André Breton à la psychanalyse et aux théories de Freud, l’écriture automatique doit faire parler le subconscient, et même l’inconscient, avant que le sur-moi, portion psychique de chaque homme sujette aux pressions et restrictions sociales, ne s’en empare.
Elle s’inscrit dans le mouvement surréaliste puisqu’elle est avant tout le surpassement du réel. Elle pénètre au-delà de la motivation visible à l’homme. Elle donne l’opportunité à l’artiste qui veille en nous de s’exprimer. Le chef-d’œuvre est notre propre imagination fécondée, en isolant les matériaux considérés. Les lois littéraires ne sont pas crédibles et la grammaire fonctionnelle n’a aucune place dans l’écriture automatique.
L’écriture obtenue, parfois transcendante, n’en reste pas tout du moins sans un côté absurde, qui défie la logique. C’est un jargon, fabriqué puis retranscrit sur papier.
En ce sens, elle se rapproche de la « Pataphysique d’Alfred Jarry, science théorisant la reconstruction du réel dans l’absurde. Jarry, tenu en haute estime par les surréalistes, et surtout par André Breton — qui a déclaré que le dramaturge était un véritable surréaliste, par sa consommation d’absinthe, mais aussi par sa vision du monde — n’est pas si loin des surréalistes dans son écriture volontairement absurde, qui affirme par exemple que : « Dieu est le plus court chemin de zéro à l’infini, dans un sens comme dans l’autre ».
L’esprit saisit la main du medium pour entrer en contact avec le monde physique. Il écrit et dessine. Aucune liaison n’est visible, aucune union n’est en accord avec ce qui pourrait être un « vrai texte ». C’est un moyen intermédiaire de lâcher prise en utilisant une autre manière transmettre sa pensée. Une forme de dictée inconséquente.
En effet, les parapsychologues, les psychologues et les spirites sont de nos jours les plus propices à utiliser ce procédé.
Elle est d’ailleurs encore et souvent adoptée pour recueillir ce qu’on sait d’un sujet lors d’un remue-méninge.
Récits de rêve et écriture sous hypnose
Comme l’écriture automatique, les récits de rêve, sous hypnose, ou bien encore sous influence (de drogues, d’alcool) visent à éliminer le plus possible le contrôle du flux de l’écriture. L’écrivain se retrouve donc complètement illimité dans ses possibilités.
Plusieurs auteurs surréalistes, encore une fois intrigués par les théories psychanalytiques de l’époque, se sont intéressés au lien entre les récits de rêve et le « fil conducteur » les liant à la réalité.
Cadavre exquis
La seule règle de cette technique d’écriture ludique, largement reprise aujourd’hui comme jeu, dans tous les contextes, est de suivre la formule grammaticale suivante : nom, adjectif, verbe, complément d’objet direct, adjectif.
Sur une feuille pliée, où les participants ne peuvent voir le mot inscrit par le joueur précédent, ils doivent inscrire un mot de leur choix, qui respecte l’ordre indiqué plus haut.
Des phrases loufoques sont ainsi obtenues, telles que celle qui donna son nom au jeu (« Le cadavre exquis boira le vin nouveau ») ou bien encore : « Le pain blanc secouera le sein oblong qui rit ». Ce dernier cadavre exquis est également l’un des premiers obtenus : lors de la première rencontre des surréalistes où le jeu est pratiqué, sont présents entre autres André Breton, Jacques Hérold, Victor Brauner, Yves Tanguy, Benjamin Péret et Elsie Houston.
Derrière ce « hasard objectif », en apparence inoffensif, se cache bien évidemment une réflexion esthétique plus poussée : en opposition à l’écriture automatique, où l’écrivain joue seul avec son inconscient, et qui se rapproche donc de la psychanalyse, le cadavre exquis permet à la fois une réelle intrusion du hasard dans l’écriture ainsi que la découverte, purement poétique, de nouvelles associations de mots impensées.
Des techniques qui traversent les médias
L’automatisme, la place du hasard et de l’inconscient ne sont pas des caractéristiques exclusives à la littérature surréaliste : elles se retrouvent également dans tous les autres types d’art que touche ce mouvement.
L’écriture automatique trouve son équivalent dans le dessin automatique, pratiqué par exemple par André Masson, peintre français des années 1920-50.
Le cadavre exquis, également, est aussi bien pratiqué avec des mots qu’avec des parties du corps ! Les collages de Max Ernst ou les œuvres photosensibles de Man Ray rappellent également l’aspect rapiécé du cadavre exquis.
La peinture surréaliste
Le surréalisme s’étend rapidement aux arts plastiques.
Les Magritte, Dalí, Ernst, Ray et Míro se joignent au bateau d’André Breton et créent des peintures à l’aspect souvent onirique, qui dérangent l’œil du spectateur. C’est le cas des éléphants en échasse de Dalí, ou bien de l’homme à la tête de pomme de Magritte.
Les peintures, empreintes de forts symboles et d’éléments fantastiques, jouent souvent avec le concept du trompe-l’œil. Cherchant, comme tous les autres arts surréalistes, à atteindre l’inconscient, les peintures surréalistes sont souvent très personnelles et mystiques, ce qui laisse une large marge d’interprétation au spectateur.
Cherchant, comme tous les autres arts surréalistes, à atteindre l’inconscient, les peintures surréalistes sont souvent très personnelles et mystiques.
Le cinéma surréaliste est de ceux qui fascinent toujours aujourd’hui.
Cinéma surréaliste
Sans logique narrative et sans dimension spatiotemporelle, les films surréalistes ont révolutionné le monde du cinéma, encore très jeune en 1930.
Rassemblant des figures d’importance comme Luis Buñuel, Salvador Dalí et Germaine Dulac, le cinéma surréaliste a eu une influence dont on ne peut même pas mesurer la portée sur le cinéma du 20e siècle.
Premier film surréaliste
Le 9 février 1928, le Studio des Ursulines, à Paris, projette La Coquille et le Clergyman, un moyen métrage réalisé par Germaine Dulac.
L’objectif du dramaturge Antonin Artaud, qui signe le scénario, est de transposer le spectateur dans un monde onirique, grâce à un esthétisme puissant. Cette esthétique, selon Artaud, ne peut pas se contenter de se retrouver seulement dans les effets visuels ; le film doit être onirique dans le fond autant que dans la forme, à la fois dans la structure, le scénario et la direction artistique.
Résulte de cette théorie le premier film surréaliste, une œuvre qui ne se base pas sur la narration : à l’époque où le cinéma narratif et burlesque de Buster Keaton et des Frères Marx règne en maître sur le monde du cinéma international, un film où l’image et le concept prisent sur le scénario est déjà une large révolution.
Un chien andalou par Luis Buñuel et Salvador Dalí
Un an plus tard, le 6 juin 1929, Luis Buñuel et Salvador Dalí signent Un chien andalou. Le film est immédiatement reconnu et légitimé par les surréalistes comme rejoignant le mouvement.
Encore une fois sans structure narrative apparente, Un chien andalou mêle le monde du rêve à la réalité sans les différencier. Les scènes, parfois absurdes, et parfois non, s’y succèdent, avec un mince fil conducteur (personnages et lieux récurrents).
Avec pour thème les relations violentes entre un homme et une femme, le film laisse une large place à l’interprétation : fourmis, pianos et ânes morts apparaissent et disparaissent, et c’est au spectateur seul de s’approprier ces images.
Écrit sur le modèle du Cadavre exquis, il n’a fallu à Buñuel et à Dalí que 6 jours pour composer entièrement le scénario d’Un chien andalou.
À la grande surprise de Buñuel et de Dalí, Un chien andalou reçoit nombre de critiques positives et ne génère ni violence, ni insurrection. À la grande première assistent Picasso, Le Corbusier, Jean Cocteau, ainsi que le groupe entier des surréalistes d’André Breton.
L’Âge d’or, la suite du chien andalou
Dalí et Buñuel reçoivent une commission du riche vicomte Charles de Noailles, pour réaliser une suite à ce film sans précédent. C’est donc à peine un an plus tard, le 28 novembre 1930, que les deux cinéastes récidivent et produisent l’Âge d’or. Le film, beaucoup plus violent, imprégné de pessimisme, d’humour noir et même de passages du Marquis de Sade, est rapidement interdit par la commission de la censure.
Selon le journaliste Freddy Buache, c’est tout de même l’un des films les plus importants à être produit : « Luis Buñuel a jeté avec L’Âge d’or le seul vrai cri, le plus inimitable hurlement en faveur de la liberté humaine de toute l’histoire du cinéma. »
Pour plus d'information sur la suite du chien andalou, je vous invite à voir ce dossier complètement consacrer au film L’Âge d’or.
Dernier film purement surréaliste
La majorité des experts soutiennent que le cinéma surréaliste meurt en 1930, avec Le Sang d’un poète, de Jean Cocteau.
Alfred Hitchcock nouera des liens avec Dali pour la réalisation du film Spellbound (1945).
Malgré tout, et comme dans tous les autres domaines de l’art, l’influence du surréalisme sur ce qui est à venir dans le monde du cinéma pour le reste du 20e siècle est immesurable. D’aussi grands cinéastes que Federico Fellini, Alejandro Jodorowsky et David Lynch travaillent, à la manière du surréalisme, avec le rêve et la psychologie du subconscient dans leur œuvre.
Le cinéma d’animation, le cinéma fantastique et une large part du cinéma des pays de l’Est ont beaucoup d’influences surréalistes.
Finalement, l’innovation que représente le cinéma dysnarratif ne disparaîtra jamais du monde du grand écran, apportant à l’époque, et aujourd’hui encore, d’une certaine façon, la seule résistance possible au cinéma large-public, suivant une structure narrative précise, produit par Hollywood.
L'héritage du mouvement artistique
Alors que le surréalisme est principalement associé à l'art, il fut dit que le surréalisme eut un impact dans de nombreux autres domaines.
En ce sens, le surréalisme n'est pas expressément unique à ceux qui s'identifient comme surréalistes, ou celles mentionnées par Breton. Il se réfère plutôt à une série d'actes de création et d'efforts visant à libérer l'imagination.
En plus des idées surréalistes qui sont fondées sur les idées de Hegel, Marx et Freud, le surréalisme est considéré par ses défenseurs comme étant dynamique et dialectique dans sa pensée.
Le surréalisme aurait apparemment été vu dans diverses sources telles que :
- Clark Ashton Smith
- Montague Summers
- Horace Walpole
- Fantomas
- The Residents
- Bugs Bunny
- La bande dessinée
- Le poète Samuel Greenberg
- T-Bone Slim
On peut dire que des volets surréalistes furent trouvés dans des mouvements tels que le Free Jazz (Don Cherry, Sun Ra et Cecil Taylor) et même dans la vie quotidienne des gens, dans la confrontation avec la limitation des conditions sociales.
Dans la pensée de l'effort de l'humanité pour libérer l'imagination comme un acte d'insurrection contre la société, le surréalisme trouve des précédents dans les alchimistes, peut-être Dante, Hieronymus Bosch, le Marquis de Sade, Charles Fourier, le Comte de Lautréamont et même Arthur Rimbaud.
Influence sur la littérature
De nombreux mouvements littéraires dans la deuxième moitié du 20e siècle furent directement ou indirectement influencés par le surréalisme. Cette période est connue sous le nom de l'ère postmoderne et, si il n'y a aucun avis général sur la définition du postmodernisme, de nombreux thèmes et techniques, communément identifiés comme postmodernes, sont presque identiques à ceux du surréalisme.
Les auteurs, au sein de l'ère postmoderne, qui ont été le plus en contact avec le surréalisme sont peut-être les dramaturges du théâtre de l'absurde. Bien que ce ne fut pas un mouvement organisé, ces auteurs furent regroupés sur la base de thématiques et de techniques similaires et ces similitudes peuvent être attribuées à l'influence des surréalistes.
Eugène Ionesco, en particulier, était amoureux du surréalisme, prétendant à un moment donné que Breton fut l'un des plus importants penseurs de l'histoire.
Samuel Beckett fut également friand de surréalisme et même si la plus grande partie de sa poésie était traduite en anglais, il entretenu des liens étroits avec James Joyce, son mentor et ami.
Beaucoup d’écrivains associés à la génération Beat furent aussi grandement influencés par le surréalisme. Philip Lamantia et Ted Joans sont souvent classés en tant que Beat et écrivains surréalistes. Beaucoup d'autres écrivains Beat prétendent aussi être significativement influencés par le surréalisme. Quelques exemples sont Bob Kaufman, Gregory Corso et Allen Ginsberg.
Dans la culture populaire, une bonne partie des écrits du jeune Bob Dylan, incluant quelques-uns des écrits plus récents de Dylan, ont clairement une conscience et un ton surréalistes.
Finalement, le réalisme magique, une technique populaire chez les romanciers de la seconde moitié du 20e siècle, en particulier chez les écrivains latino-américains, présente des similitudes évidentes avec le surréalisme, notamment avec ses juxtapositions de la réalité et du rêve. L'importance du réalisme magique dans la littérature latino-américaine est souvent associée, en partie, à l'influence directe du surréalisme chez les artistes d'Amérique latine (Frida Kahlo, par exemple).
Artistes surréalistes
Le mouvement artistique surréaliste a été adopté par plusieurs artistes peintres, photographes, sculpteurs, cinéastes et écrivains. Voici ceux qui ont le plus marqué le mouvement surréaliste.
Salvador Dali
Dali est un personnage complexe qui a marqué le monde de l'art du 20e siècle. Cet artiste rebelle a révolutionné le surréalisme tout en sachant attirer le grand public par ses frasques loufoques. La peinture moderne ne serait pas ce qu'elle est sans Dali.
Voir la biographie de Salvador Dali
René Magritte
René Magritte, peintre surréaliste belge, a été un artiste très prolifique et a réalisé des œuvres pleines d'un symbolisme puisé dans son existence. Très actif, il a révolutionné le surréalisme belge et mondial grâce à son originalité et à sa technique irréprochable.
Voir la biographie de René Magritte
Francis Picabia
Francis Picabia est un artiste peintre et écrivain dont l'expérimentation et la recherche auront été les buts ultimes. Passionné et avant-gardiste, il a été l'un des éléments fondateurs du dadaïsme et un modèle pour les nouvelles générations.
Voir la biographie de Francis Picabia
Jean (Hans) Arp
Jean Arp, artiste français prolifique, a été marqué toute sa vie par le goût du hasard et des rêves. Ses voyages ont forgé son art et les rencontres qu'il y fit, notamment celle de son épouse, influencèrent grandement son travail et sa vie.
Voir la biographie de Jean Arp
Joan Miro
Joan Miro, artiste peintre et sculpteur espagnol, a tout au long de sa vie expérimenté et cherché sa voie en explorant les mouvements modernes de l'art. Anti-conformiste, il fut un artiste qui marqua les générations et qui demeurera l'une des figures les plus importantes du surréalisme.
Voir la biographie de Joan Miro
Man Ray
Man Ray est un artiste photographe et peintre qui a révolutionné le monde de l'art grâce à ses techniques avant-gardistes. Sa technique de solarisation permettant de former un halo de lumière sur les personnages de ses photographies donne un effet typiquement surréaliste à ses oeuvres.
Max Ernst
Max Ernst, peintre et sculpteur allemand puis naturalisé français, a pris une part active dans les mouvements modernes de son époque. Libre penseur et anticonformiste, son travail onirique a ouvert la porte au surréalisme et a contribué à la naissance de l'expressionnisme abstrait.
Voir la biographie de Max Ernst
Femmes surréalistes, la tulipe fébrile
Les féministes ont critiqué le mouvement surréaliste en faisant valoir que c’était fondamentalement un mouvement masculin, en dépit du fait que la femme soit vraisemblablement célébrée chez quelques peintres et poètes surréalistes.
La croyance est que le mouvement adoptait des attitudes typiques des hommes envers les femmes comme l'adoration symbolique par des stéréotypes dits sexistes. Les femmes y étaient souvent représentatives de valeurs plus élevées et donc transformées en objets de désir et de mystère.
Une des pionnières dans la critique féministe du surréalisme fut Xavière Gauthier.
Partout, on raconte que l'homme est l'élément le plus dévastateur du peuple. La femme, par contre, si délicate et si magnifique, avait-elle aussi sa part de rébellion à partager.
Les femmes nous ont donc livré une version toute féminine du surréalisme. Elles nous emmenèrent dans un monde gracieux, tout en mettant l’emphase sur la guérison du mental.
Valentine Hugo
Valentine Hugo (1887-1968) explora sa passion pour les costumes théâtraux dans les films. En 1921, elle travaillait avec Jean Hugo aux costumes des Mariés de la Tour Eiffel de Cocteau. En 1930, et ce jusqu’en 1937, elle participa au mouvement surréaliste en faisant de la peinture. Elle collabora aussi avec plusieurs artistes comme, entre autres, Picasso.
Peggy Guggenheim
Peggy Guggenheim, elle, organisa, en 1942, une exposition de peintures surréalistes à laquelle 31 femmes participèrent.
Leonora Carrington
Finalement, Leonora Carrington, née en avril 1917, était l’amoureuse de Max Ernst. Il l’introduisit au groupe surréaliste. Peintre et romancière, Salvador Dali la prit sous son aile en indiquant qu’elle était la femme artiste la plus remarquable de cette époque.
Chronologie du surréalisme
Découvrez les dates importantes du mouvement surréaliste grâce à notre frise chronologique du surréalisme.
Mars : Man Ray fait scandale avec ses statues océanienne, dite indécentes, exposée à Paris
Un chien andalou, célèbre film surréaliste, de Salvador Dali et Luis Buñuel est présenté devant public pour la première fois.
André Breton publie le livre De l'humour noir, GLM.
Juillet : À cause de la guerre, André Breton s'exila à New York
La galerie Art of this Century de Peggy Guggenheim célèbre sont inauguration à New York.
À Paris se tient une rétrospective des oeuvres de Max Ernst
André Breton est de retour en France
Expositions internationales du surréalisme
La galerie Drouin tient une rétrospective des tableaux de Francis Picabia à Paris
La galerie Drouin tient une exposition des oeuvres de Max Ernst à Paris
18 novembre : Décès de Paul Éluard à Charenton-le-Pont en France
30 novembre : Décès du peintre Francis Picabia à Paris
Les lauréats de la Biennale de Venise sont Max Ernst, Jean Arp et Joan Miró
15 janvier : Décès de l'artiste français Yves Tanguy à Paris
À Berlin se tient une rétrospective des oeuvres de Max Ernst
1 janvier : Décès tragique de l'artiste Óscar Domínguez à Paris
Le Musée d'Art Moderne tient une rétrospective des oeuvres de Max Ernst à Paris
Une grande Exposition internationale sur le Surréalisme se tient à Paris
25 décembre : Décès du célèbre Tristan Tzara à Paris en France
La galerie Charpentier tient une rétrospective sur le surréalisme à Paris
Le Musée d'Art Moderne tient une rétrospective du travail d'André Masson à Paris
15 août : Décès de l'artiste René Magritte à Lessines en Belgique
Questions les plus demandées sur le surréalisme
Trouvez une réponse rapidement grâce à notre foire aux questions (FAQ) concernant le surréalisme et ses artistes.
Qui sont les artistes surréalistes ?
Quelques-uns des artistes surréalistes les plus connus incluent René Magritte, Salvador Dalí, Max Ernst, Giorgio de Chirico et Roberto Matta, pour n’en citer que quelques-uns.
Qui est René Magritte ?
René Magritte est un peintre surréaliste belge, né en 1898 et mort en 1967. Ayant débuté en tant qu’impressionniste, il a ensuite bifurqué vers la peinture surréaliste en proposant des objets de la vie quotidienne dans des représentations bizarres, en ayant pour objectif d’interroger le spectateur sur sa conception de la vie.
Qui est Max Ernst ?
Né en 1981 en Allemagne, Mac Ernst est un des pionniers du mouvement surréaliste. Peintre et sculpteur, ses travaux de jeunesse furent largement influencés par Pablo Picasso et Vincent Van Gogh. Il est à l’origine de plusieurs techniques picturales fréquemment utilisées ensuite par d’autres artistes surréalistes et fut considéré comme très influent dans le courant.
Qui est André Breton ?
André Breton était un écrivain, intellectuel et philosophe français qui fonda le Surréalisme en tant qu’école de pensée. Il a établi les bases du mouvement à travers deux Manifestes du Surréalisme.
Qui est Salvador Dalí ?
Salvador Dalí fut l’un des artistes surréalistes du 20ème siècle les plus réputés. Né en Espagne en 1904, il créa quelques-uns des travaux les plus emblématiques du Surréalisme, mélangeant un style Renaissance hyperréaliste avec des contextes extraordinaires voire impossibles.
Quelle est la plus célèbre peinture de Salvador Dalí ?
La plus célèbre peinture de Salvador Dalí est La Persistance de la Mémoire et à ce jour, avec son paysage frappant de pendules qui fondent, elle reste une œuvre surréaliste reconnaissable immédiatement, même par celles et ceux ayant une connaissance limitée en art.
Qu’est-ce qu’une peinture surréaliste ?
Le mouvement surréaliste n’était pas qu’esthétique mais également philosophique, ayant influencé en profondeur la culture de l’époque. Selon André Breton son fondateur, l’objectif du surréalisme est d’exprimer « le fonctionnement réel de la pensée […] en l'absence de tout contrôle exercé par la raison ». En d’autres mots, une œuvre surréaliste serait celle dans laquelle l’artiste tente de reproduire la réalité telle qu’elle est perçue par l’esprit pur, avant qu’elle ne soit corrompue par un jugement ou une pensée rationnelle (rationnalisante ?)
Quels sont les travaux surréalistes les plus célèbres ?
Quelques-uns des travaux surréalistes les plus célèbres et les plus emblématiques sont L’Éléphant de Célèbes, un des premiers travaux surréalistes de Max Ernst, La Persistance de la Mémoire par Salvador Dalí, l’une des peintures les plus célèbres de tous les temps, et Chant d’Amour de Giorgio de Chirico.
Qu’est-ce que le Manifeste du Surréalisme ?
Il existe deux manifestes de ce nom écrits par André Breton, qui a fondé le mouvement et posé les bases de sa signification esthétique et symbolique.
Où a démarré le Surréalisme ?
Le Surréalisme prend ses racines en Europe, après la Première Guerre Mondiale. Comme de nombreuses écoles de pensées artistiques, les principales forces créatrices de ce mouvement étaient réunies à Paris, en France.
Quelle est la philosophie du surréalisme ?
Selon André Breton, le fondateur du mouvement, l’objectif du surréalisme est de présenter la réalité au spectateur (ou au lecteur, etc.) de telle façon qu’il ou elle puisse la voir sans les lunettes de la raison ou d’un biais psychologique. L’intention avouée est de ne pas poser de jugement, qu’il soit moral ou esthétique, et de simplement expérimenter la pensée sans penser. C’est pour cette raison qu’une grande importance est accordée aux rêves et aux paysages oniriques dans l’art surréaliste.
Définitions dans le surréalisme
Pour comprendre le surréalisme, nous devons d’abord comprendre la définition de plusieurs de ses termes principaux.
Surréalisme :
Le Surréalisme est un mouvement culturel et philosophique qui vise à démanteler les idées préconçues d’une personne en lui présentant la réalité sous une forme brute, sans la ternir par la raison ou les jugements.
Surréaliste (artiste, peintre) :
Un surréaliste est un créateur d’art, qu’il soit visuel ou littéraire, qui souscrit aux principales idées de la philosophie surréaliste et qui dans ses œuvres, présente la réalité de ce point de vue.
La Persistance de la Mémoire :
Il s’agit de l’un des plus célèbres travaux surréalistes de tous les temps, qui met en avant des pendules qui fondent dans un décor onirique ressemblant à un désert, avec un personnage humanoïde étrange (qui serait un autoportrait de l’artiste) endormi au milieu. Cette œuvre est emblématique et immédiatement reconnaissable, même par des amateurs. Elle fut créée par Salvador Dalí en 1931.
Œuvre d’art surréaliste :
L’art surréaliste n’est pas toujours facile à définir mais il est essentiellement constitué d’œuvres qui s’alignent sur la philosophie centrale du mouvement Surréaliste et qui tentent de dépeindre la réalité sans le filtre de la raison ou du jugement. Les éléments caractéristiques que l’on peut retrouver dans les œuvres surréalistes sont des paysages oniriques, où les objets et les personnages sont représentés dans un style réaliste mais avec des contextes et des décors étranges et apparemment dus au hasard, comme dans une rêverie éveillée.
Biographie :
Une biographie est essentiellement une œuvre qui raconte les grandes lignes de la vie d’une personne et qui essaie de capter son essence à travers l’écrit.
Cadavre Exquis :
Le Cadavre Exquis est une technique collaborative d’art surréaliste dans laquelle les artistes proposent chacun à leur tour des mots ou des images pour produire une œuvre unique. Les règles de cette technique supposent habituellement que l’artiste dont c’est le tour ne peut voir qu’une seule partie du travail de l’artiste précédent, pour que chaque créateur n’ait accès qu’à une portion limitée du travail global jusqu’à la toute fin. D’autres règles peuvent être ajoutées en plus de celles-ci pour rendre le jeu plus compliqué : par exemple, en produisant une œuvre écrite, n’autoriser l’usage que de certains types de mots ou de grammaire tour à tour.
Ecriture automatique :
L’écriture automatique est une technique surréaliste utilisée pour laisser l’esprit subconscient révéler son contenu à travers l’acte d’écrire, sans direction ou pensée consciente. L’écrivain automatique n’est pas dirigé par son jugement ou ses pensées, mais plutôt par le mouvement « automatique » de sa main, elle-même guidée par son subconscient – ou bien, d’autres le pensent, par un pouvoir supérieur. Cette technique est également utilisée par les médiums pour retranscrire les messages d’entités surnaturelles.
Cinéma surréaliste :
A l’instar de la peinture surréaliste, le cinéma surréaliste a émergé dans les années 1920 et a servi comme un autre moyen pour exprimer la pensée culturelle surréaliste. Les films surréalistes sont reconnaissables par leur absence d’intrigue dramatique et leur tendance à faire étalage d’images choquantes. Tout comme les autres types d’art surréaliste, ils mettent l’accent sur l’esprit subconscient plutôt que sur le jugement conscient ou les raisonnements de l’esprit humain.
Rupture (surréaliste) :
Rupture était un groupe fondé en 1934 dans la ville de La Louvière, constitué de plusieurs artistes.
==========================https://www.guide-artistique.com/histoire-art/surrealisme/
Surréalisme
Le surréalisme est un mouvement artistique du xxe siècle, comprenant l’ensemble des procédés de création et d’expression (peinture, dessin, musique, cinéma, littérature...) utilisant toutes les forces psychiques (automatisme, rêve, inconscient) libérées du contrôle de la raison et en lutte contre les valeurs reçues. Il est caractérisé par sa transdisciplinarité (peinture, objet, collage, cinéma, costume...) et l'importante collaboration entre ses membres.
En 1924, André Breton le définit dans le premier Manifeste du surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale […] ».
Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie1 (xxe siècle). En réactualisant la dimension poétique de la peinture, le surréalisme se heurte à la question de la représentation du non-figurable et de l'indicible.
Histoire
Dans le courant du xixe siècle, le « super naturalisme » de Gérard de Nerval, le symbolisme de Charles Baudelaire et de Stéphane Mallarmé et, enfin surtout, le romantisme allemand de Jean Paul (dont les rêves annoncent l'écriture automatique) et d'Hoffmann peuvent être considérés comme des mouvements précurseurs du surréalisme. Plus proches, les œuvres littéraires d'Alfred Jarry, d'Arthur Rimbaud et de Lautréamont, et picturales de Gustave Moreau et Odilon Redon sont les sources séminales dans lesquelles puiseront les premiers surréalistes (Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard, Philippe Soupault, Pierre Reverdy). Quant aux premières œuvres plastiques, elles poursuivent les inventions du cubisme.
À partir de 1917, et du ballet Parade, Cocteau et Apollinaire réfléchissent sur ce qu'ils ressentent être un esprit nouveau. Apollinaire reprend les Mamelles de Tirésias, qu'il avait rédigé en 1903, pour y ajouter des éléments qui lui semblent découler tout naturellement des sensibilités de l'époque : tout un peuple représenté par une seule personne, un kiosque à journaux parlant, ou diverses provocations. Ce courant, se nourrissant de la période dada, trouve une nouvelle concrétisation avec la pièce Les Mariés de la tour Eiffel, en 1921. Pour cette pièce, Cocteau, à une musique bruitiste, préfère un amalgame de music-hall et d'absurde, poussant autant que possible la pataphysique de Jarry. À partir de là, débordant le mouvement dada, mais nourris par lui, les artistes recherchent des idées nouvelles2.
Après avoir été séduits par le dadaïsme, les surréalistes s'inscrivent en rupture par rapport à ce mouvement : ils considéraient que le surréalisme susciterait l'arrivée de nouvelles valeurs, ce que n'acceptaient pas les dadaïstes3. Le dada, absolu dans sa dénonciation, ne survit pas à une querelle relative à l'engagement, suscitée par la Révolution soviétique et le risque d'une nouvelle guerre et, en 1924, naît le surréalisme avec la publication du premier Manifeste du surréalisme d'André Breton, soucieux d'agir sur la société, sinon sur l'individu, sans tomber dans l'embrigadement. Dalí affirme d'ailleurs être sûr que le surréalisme « changerait le monde ». Étant lui-même adepte de ce mouvement, il s'y investit comme un devoir.
Cette aventure (« une attitude inexorable de sédition et de défi ») passe par l'appropriation de la pensée du poète Arthur Rimbaud (« changer la vie »), de celle du philosophe Karl Marx (« transformer le monde ») et des recherches de Sigmund Freud4 : Breton s'est passionné pour les idées de Freud5 qu'il a découvertes dans les ouvrages des Français Emmanuel Régis et Angelo Hesnard, en 19176. Il en a retiré la conviction du lien profond unissant le monde réel et le monde sensible des rêves, et d'une forme de continuité entre l'état de veille et l'état de sommeil (voir en particulier l'écriture automatique). Dans l'esprit de Breton, l'analogie entre le rêveur et le poète, présente chez Baudelaire, est dépassée. Il considère le surréalisme comme une recherche de l'union du réel et l'imaginaire : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue. »
Freud lui-même ressentit la plus grande méfiance envers les représentants du mouvement jusqu’à sa rencontre avec Salvador Dali le . Dans une lettre à Stefan Zweig datée du lendemain, Freud avoue : « J’étais jusque-là enclin à considérer les surréalistes, qui semblent m’avoir choisi pour saint patron, comme des fous absolus (disons à 95% […]). » Mais il avait changé d’avis devant l’incroyable technique du peintre et l’intérêt analytique de l’œuvre qui lui avait été présentée 7.
En France, en 1966, la mort du poète André Breton, chef de file du groupe, va entraîner de grands soubresauts dans le surréalisme. Trois ans plus tard, Jean Schuster signa officiellement, dans le quotidien Le Monde, l’acte de décès du mouvement dans un article intitulé « Le Quatrième Chant »8, mais la majorité des membres du groupe refuse cette décision brutale. Pour la plupart des surréalistes stupéfaits par la décision de Jean Schuster, celle-ci est fondée sur une manipulation politique dont l’origine se trouve dans l’engagement pro-cubain de Jean Schuster9. Jean-Louis Bédouin écrit un virulent article de protestation publié dans Le Monde du , Vincent Bounoure lance au sein du groupe l’enquête Rien ou quoi? dont les réponses mettent en évidence l’écartèlement du groupe sur la question de la dissolution, puis va constituer au début de 1970 le Groupe de Paris du mouvement surréaliste, dont l’activité se poursuit jusqu’aujourd’hui.
Outre Jean-Louis Bédouin et Vincent Bounoure, Robert Benayoun, Gilles Bounoure, Micheline Bounoure, Jorge Camacho, Pierre Cheymol, Nicole Espagnol, Alain Joubert, Gherasim Luca, Alberte Maere, Marianne van Hirtum, Jacques Abeille, Ludwig Zeller, Carlos M. Luis, Guy Hallart, vont refuser cette décision brutale et vont poursuivre l’aventure surréaliste. Dans le Bulletin de liaison surréaliste (10 numéros parus entre 1970 et 1976), dirigé par Jean-Louis Bédouin, puis dans les deux numéros de Surréalisme (1977-78), on retrouve, entre autres, aux côtés de Vincent Bounoure, les noms de Michel Zimbacca, Joyce Mansour, Jorge Camacho, Michaël Löwy, Roger Renaud, Yves Elléouët. Après la mort de Vincent Bounoure en 1996, le Groupe de Paris du mouvement surréaliste, réuni autour de Michel Zimbacca, se dote jusqu’en 2005 de la revue S.U.RR. animée par Marie-Dominique Massoni 10.et Guy Girard, que rejoignent progressivement, notamment, Joël Gayraud, Pierre-André Sauvageot, Claude-Lucien Cauët, Virginia Tentindo, Jean-Raphaël Prieto, Ana Orozco, Elise Aru, Sylvain Tanquerel et Sylwia D. Chrostowska. L’activité du groupe parisien se poursuit aujourd’hui.
À côté de ce courant qui continue d’affirmer la présence surréaliste au-delà même de la dissolution officielle du mouvement, les anciens membres ayant accepté cette dissolution, autour de Gérard Legrand, José Pierre et Jean Schuster, publieront au début des années 1970 la revue Coupure. Mais certains des auteurs de Coupure s’opposeront à leur tour à Jean Schuster et José Pierre pour rejoindre un peu plus tard les éditions Maintenant, créées par Radovan Ivsic et le jeune poète libertaire Pierre Peuchmaurd. Y participeront, entre autres, Jean Benoit, Georges Goldfayn, Gérard Legrand, Toyen et Annie Le Brun. Plus tard encore, un autre des derniers compagnons d’André Breton, Sarane Alexandrian, tout en considérant acquise la mort du surréalisme historique, constatant que rien n’est venu le remplacer, crée et anime la revue Supérieur inconnu (1996-2011), tentant lui aussi de fédérer les forces surréalistes en France (avec entre autres Alain Jouffroy, Jean-Dominique Rey, Marc Kober, Christophe Dauphin, Odile Cohen-Abbas, Lou Dubois, Basarab Nicolescu, Virgile Novarina et Virginia Tentindo, laquelle a rejoint en 2013 le Groupe de Paris du mouvement surréaliste).
Parallèlement, dès les années 1970, paraissent des revues émanant de collectifs se situant ouvertement dans la lignée du surréalisme (Le Melog, La Crécelle noire, Camouflage) que fondent ou viennent rejoindre de plus jeunes recrues (Jimmy Gladiator, Jehan van Langenhoven, Pierre Peuchmaurd, Anne Marbrun, Alice Massénat, Guy Girard, Peter Wood). Le poète surréaliste irakien Abdul-Kader El Janabi anime Le Désir libertaire (deux séries, la première en arabe, la seconde en français) puis Homnésies et les éditions Arabie-sur-Seine qui publient des textes de Pierre Peuchmaurd, Jean-Pierre Le Goff, Karl Kraus, Teodor W. Adorno. Dans les années 1980 et 1990 paraissent les revues Intersigne dirigée par François Leperlier, Le Château-Lyre où l'on retrouve les noms de Peuchmaurd, Leperlier, Guy Girard, et Le Cerceau, animée notamment par Alain Joubert et Nicole Espagnol. On peut joindre à cette liste nécessairement incomplète la série des Cahiers de l'Umbo suivie de la collection de l'Umbo animée jusqu'à ce jour par le plasticien Jean-Pierre Paraggio.
Il faut noter que dans les principaux autres pays marqués par le surréalisme (Royaume-Uni, États-Unis, Tchécoslovaquie notamment), les groupes surréalistes existants n’ont guère été touchés par la décision de Jean Schuster de 1969 et que des groupes surréalistes y ont continué leurs activités de façon ininterrompue, y compris, pour le cas de la Tchécoslovaquie (avec entre autres Vratislav Effenberger, Martin Stejskal, Ludvík Šváb, Jan Švankmajer, Eva Švankmajerová), Pavel Řezníček, le groupe réapparu après le Printemps de Prague dans les conditions hostiles d'un pouvoir totalitaire censurant la vie intellectuelle11.
André Breton[modifier | modifier le code]
Le poète et écrivain français André Breton (1896-1966) fut le principal fondateur du surréalisme, le seul artiste, avec Benjamin Péret, à avoir appartenu au mouvement depuis son origine et jusqu'à sa mort. En 1924, c'est lui qui pour la première fois décrit le surréalisme dans le premier Manifeste, puis, la même année, il contribue à la création du Bureau de recherches surréalistes. Louis Aragon, Robert Desnos, Paul Éluard, René Magritte, Giorgio De Chirico, Philippe Soupault, Marcel Duchamp, Salvador Dalí et Jacques Prévert sont quelques-uns des plus connus de ses camarades écrivains, poètes, peintres, artistes en somme. Nombre d'entre eux vont également adhérer au Parti communiste français pour soutenir leurs idées de révolution sociale : Breton rejoint le parti en 1927, mais n'assiste qu'à quelques réunions de cellule. Il en est exclu en 1933.
Étymologie
Le poète Arthur Rimbaud (1854-1891) voulait être un visionnaire, se mettre en état de percevoir la face cachée des choses, une autre réalité. C'est en poursuivant les tentatives de Rimbaud que Guillaume Apollinaire (1880-1918) part à la recherche de cette réalité invisible et mystérieuse. Le substantif « surréalisme » apparaît pour la première fois en mars 1917 dans une lettre de Guillaume Apollinaire à Paul Dermée : « Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Le mot “surréalisme” n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes. » C'est le poète Pierre Albert-Birot qui suggéra à Apollinaire de sous-titrer la pièce que celui-ci était en train d'achever, Les Mamelles de Tirésias, « drame surréaliste » plutôt que « surnaturaliste »12.
Le concept est divulgué par la plaquette de présentation qu'Apollinaire est chargé, par Serge Diaghilev, de rédiger pour la première de Parade, ballet réaliste en un tableau, le au théâtre du Châtelet, à Paris. Du spectacle total conçu par Jean Cocteau conjuguant « le premier orchestre d'Erik Satie, le premier décor de Pablo Picasso, les premières chorégraphies cubistes de Léonide Massine, et le premier essai pour un poète de s'exprimer sans paroles », où « la collaboration a été si étroite que le rôle de chacun épouse celui de l'autre sans empiéter sur lui »13, il explique :
« De cette alliance nouvelle, […] il est résulté dans Parade, une sorte de sur-réalisme où je vois le point de départ d'une série de manifestations de cet esprit nouveau qui, trouvant aujourd'hui l'occasion de se montrer, ne manquera pas de séduire l'élite et se promet de modifier de fond en comble les arts et les mœurs dans l'allégresse universelle, car le bon sens veut qu'ils soient au moins à la hauteur des progrès scientifiques et industriels. Jean Cocteau appelle un ballet réaliste. Les décors et les costumes cubistes de Picasso témoignent du réalisme de son art. Ce réalisme, ou ce cubisme, comme on voudra, est ce qui a le plus profondément agité les arts durant les dix dernières années. »
— G. Apollinaire, Parade et l'esprit nouveau, in Programme des Ballets russes, Paris, mai 191714
Ainsi, Apollinaire entend théoriser le sursaut poétique provoqué par la Première Guerre mondiale15 par lequel Jean Cocteau, comme quatre ans plus tard dans le spectacle des Mariés de la Tour Eiffel, dédouble la représentation « réaliste » du quotidien bourgeois du spectateur par celle de la fantaisie inhumaine16 et rêvée de personnages-machines. Dans ce manifeste se trouve déjà tout ce que ses détracteurs trouveront à reprocher au surréalisme : rupture avec tout traditionalisme, élitisme, modernité, c'est-à-dire progrès scientifique et, à l'instar des futuristes, industrialisme.
Dans une chronique de , consacrée au même ballet, Apollinaire, admiratif des décors créés par Picasso, revient sur le concept d'« […] une sorte de “sur-réalisme” où [il] voit le point de départ d'une série de manifestations de cet esprit nouveau qui […] se promet de modifier de fond en comble les arts et les mœurs […] Cette tâche “surréaliste” que Picasso a accomplie en peinture, […] je m'efforce de l'accomplir dans les lettres et dans les âmes […] »17. Dans une lettre du , adressée à Théodore Fraenkel, Jacques Vaché annonce la première des Mamelles de Tirésias pour le 24 : « […] et j'espère être à Paris […] pour la représentation surréaliste de Guillaume Apollinaire18. »
Pour Gérard Durozoi, le mot surréalisme est « désormais […] victime de sa fausse popularité : on n'hésite pas à qualifier de surréaliste le premier fait un peu bizarre ou inhabituel, sans davantage se soucier de rigueur. Le surréalisme […] est pourtant exemplaire par sa cohérence et la constance de ses exigences »19. Cependant, Alain et Odette Virmaux pensent que cette « évolution sémantique n'est pas du tout déviante » et qu'elle « reste en accord avec le mot […], les surréalistes ayant “une prédilection pour l'humour noir et le nonsense” »20.
Influence internationale
Le surréalisme connaît une fortune particulière dans la littérature francophone belge. Paul Nougé, dont la poésie présente un aspect ludique très marqué, fonde en 1924 un centre surréaliste à Bruxelles avec entre autres les poètes Camille Goemans et Marcel Lecomte. Un autre groupe important, Rupture, se crée en 1932, à La Louvière, autour de la personnalité d'Achille Chavée.
Le surréalisme belge prend ses distances à l'égard de l'écriture automatique et de l'engagement politique du groupe parisien. L'écrivain et collagiste E. L. T. Mesens fut l'ami de René Magritte. Les poètes Paul Colinet, Louis Scutenaire et André Souris et, plus tard, Marcel Mariën appartiennent également à ce courant. La francophonie d'outre-mer trouvera notamment en Jean Venturini, poète franco-marocain révolté et rimbaldien, un porte-parole original et indépendant, mort trop tôt pour donner sa pleine mesure21, et auquel le poète Max-Pol Fouchet rendra un hommage fort22.
Le surréalisme exercera une action stimulante sur le développement de la poésie espagnole, mais à la fin des années 1920 seulement, et en dépit de la méfiance suscitée par l'irrationalisme inhérent à la notion d'écriture automatique. Ramón Gómez de la Serna définit ses rapprochements insolites, greguerias, comme « humour + métaphore ». Le courant « ultraïste » déterminera un changement de ton chez les poètes de la « Génération de 27 », Federico García Lorca, Rafael Alberti, Vicente Aleixandre et Luis Cernuda. Les principes surréalistes se retrouvent en Scandinavie et en URSS. Le « poétisme » tchèque peut être considéré comme une première phase du surréalisme. Il s'affirme dès 1924 avec un manifeste publié par Karel Teige, qui conçoit la poésie comme une création intégrale, donnant libre cours à l'imagination et au sens ludique. Ses représentants les plus éminents furent Jaroslav Seifert et surtout Vítězslav Nezval, dont Soupault souligna l'audace des images et symboles. Le mouvement surréaliste yougoslave entretient d'étroits contacts avec le courant français grâce à Marko Ristić (en).
En dépit d'une perte de prestige à partir de 1940, le surréalisme a existé comme groupe jusqu'aux années 1960, en se renouvelant au fur et à mesure des départs et des exclusions. Le surréalisme fut également revendiqué comme source d'inspiration par l'Alternative orange, un groupe artistique d'opposition polonais, dont le fondateur, le Major (Commandant) Waldemar Fydrych, avait proclamé Le Manifeste du surréalisme socialiste. Ce groupe, qui organisait des happenings, peignait des graffiti absurdes en forme de lutins sur les murs des villes et était un des éléments les plus pittoresques de l’opposition polonaise au communisme, utilisait largement l’esthétique surréaliste dans sa terminologie et dans la place donnée à l’acte spontané.
Le surréalisme japonais est représenté par Junzaburō Nishiwaki (1894-1982), Shūzō Takiguchi (1903-1979), Katsue Kitazono (1902-1978). Parmi les peintres : Harue Koga (1895-1933), Ichirô Fukuzawa (de) (1898-1992), Noboru Kitawaki (1901-1951), ou encore le photographe et poète Kansuke Yamamoto (1914-1987). Quant aux romanciers, les œuvres les plus marquantes nous ont été laissées par Kōbō Abe (1924-1993). Concernant les mangas, une brèche fut ouverte à la possibilité d'emploi de tournures surréalistes avec l'œuvre Nejishiki (ねじ式) de Yoshiharu Tsuge (publiée dans le numéro de juin du magazine Garo, en 1968), puis le secteur put obtenir un appui écrasant de la génération du Zenkyōtō (équivalent de Mai 68), sous l'influence considérable d'artistes et de nombreux intellectuels non initiés à ce type d'œuvre. Le surréalisme japonais ne s'inscrit pas dans la continuité du dadaïsme. Au Japon, la quasi-totalité des écrivains appartenant au mouvement dadaïste (groupe d'écrivains faisant partie du MAVO) ne sont pas devenus surréalistes, et inversement, la plupart des surréalistes japonais n'œuvrent pas en tant que dadaïstes.
Il appartenait à l'écrivain majeur de la Bolivie au xxe siècle, Jaime Sáenz, de porter le flambeau du surréalisme en Amérique latine, plus d'ailleurs en héritier libre et indépendant qu'en sectateur fanatique23.
Techniques d'écriture surréalistes
Les surréalistes cherchent à libérer l'inconscient. Pour ce faire, ils utilisent les diverses techniques ci-dessous.
L'écriture automatique est un mode d'écriture cherchant à échapper aux contraintes de la logique, elle laisse s'exprimer la voix intérieure inconsciente, dévie l'inconscient de la pensée. Il s'agit d'écrire ce qui vient à l'esprit, sans se préoccuper du sens.
Par l'écriture automatique, les surréalistes ont voulu donner une voix aux désirs profonds, refoulés par la société. L'objet surréaliste ainsi obtenu a d'abord pour effet de déconcerter l'esprit, donc de « le mettre en son tort ». Peut se produire alors la résurgence des forces profondes : l'esprit « revit avec exaltation la meilleure part de son enfance ». On saisit de tout son être la liaison qui unit les objets les plus opposés, l'image surréaliste authentiquement est un symbole. Approfondissant la pensée de Baudelaire, André Breton compare, dans Arcane 17, la démarche du surréalisme et celle de l'ésotérisme : elle offre « l'immense intérêt de maintenir à l'état dynamique le système de comparaison, ce champ illimité, dont dispose l'homme, qui lui livre les rapports susceptibles de relier les objets en apparence les plus éloignés et lui découvre partiellement le symbolisme universel ».
L'écriture sexualisée : d'après certains surréalistes comme André Breton, le moment de l'acte sexuel correspond à un moment où nos pulsions nous dominent. Dès lors, nos désirs profonds se révèlent, et ces instants peuvent être combinés à une pratique artistique désinhibée. Breton écrivait alors qu'il faisait l'amour et pensait que ses meilleures œuvres étaient le fruit de ces moments.
Les récits et les analyses de rêves consistent à décrire ses rêves et à trouver le « fil conducteur » qui les relie à la réalité. Des jeux d'écriture collectifs faisant intervenir le hasard sont également pratiqués ; le cadavre exquis en est un. Dans ce jeu, tous les participants écrivent tour à tour une partie de phrase sur une feuille sans connaître ce que les personnes précédentes ont marqué. L'ordre syntaxique nom-adjectif-verbe-COD-adjectif doit être respecté : on obtient ainsi une phrase grammaticalement correcte. Le nom de « cadavre exquis » vient de la première phrase obtenue de cette manière : « Le cadavre — exquis — boira — le vin — nouveau ». Enfin, pendant les séances de sommeil hypnotique, les participants notent leurs délires et hallucinations parfois provoqués par prise de drogues ou d'alcool.
À l'opposé des techniques automatiques, se trouve la méthode paranoïaque-critique, « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes ». Patrice Schmitt24, à propos d'une rencontre entre Dalí et Lacan, nota que « la paranoïa selon Dalí est aux antipodes de l'hallucination par son caractère actif24 ». Elle est à la fois méthodique et critique24. Elle a un sens précis et une dimension phénoménologique et s'oppose à l'automatique, dont l'exemple le plus connu est le cadavre exquis24. Faisant le parallèle avec les théories de Lacan, il conclut que le phénomène paranoïaque est de type pseudo-hallucinatoire25. Les techniques d'images doubles sur lesquelles Dalí travaillait depuis Cadaqués (L'Homme invisible, 1929) étaient particulièrement propres à révéler le fait paranoïaque25.
Changement humain et sociétal
Le mouvement dada était antibourgeois, antinationaliste et provocateur. Les surréalistes continuèrent sur cette lancée subversive. « Nous n'acceptons pas les lois de l'Économie ou de l'Échange, nous n'acceptons pas l'esclavage du Travail, et dans un domaine encore plus large nous nous déclarons en insurrection contre l'Histoire. » (tract La Révolution d'abord et toujours). Ces principes débouchent sur l'engagement politique : certains écrivains surréalistes adhèrent, temporairement, au Parti communiste français.
Aucun parti cependant ne répondait exactement aux aspirations des surréalistes, ce qui fut à l'origine de tensions avec le Parti communiste français. André Breton dénonce en 1924 « l'ignoble mot d’engagement qui sue une servilité dont la poésie et l'art ont horreur ». Dès 1930, pourtant, Louis Aragon soumet son activité littéraire « à la discipline et au contrôle du parti communiste ». La guerre fit que Tristan Tzara et Paul Éluard le suivirent dans cette voie.
Condamnation de l'exploitation de l'homme par l'homme, du militarisme, de l'oppression coloniale, des prêtres pour leur œuvre qu'ils jugent obscurantiste et bientôt du nazisme ; volonté d'une révolution sociale et plus tard d'une dénonciation du totalitarisme de l'Union soviétique, tels sont les thèmes d'une lutte que, de la guerre du Maroc à la guerre d'Algérie, les surréalistes ont menée inlassablement. Ils ont tenté la synthèse du matérialisme historique et de l'occultisme, en se situant au carrefour de l'anarchisme, et du marxisme, fermement opposés à tous les fascismes et aux religions. (w.fr.)
Niciun comentariu:
Trimiteți un comentariu