Au début du XXe siècle, le monde de l’Art est en plein renouvellement à travers toute l’Europe, et tout particulièrement en France. Organisé autour d’Henri Matisse et André Derain à partir de l’été 1905, le Fauvisme se développe jusqu’en 1910. Basé sur l’utilisation d’aplats de couleurs pures, ce courant a durablement transformé l’Art et ses certitudes picturales… KAZoART vous propose 5 choses à savoir sur le Fauvisme !

1. La naissance du Fauvisme

Le Fauvisme s’est construit autour de son chef de file, Henri Matisse. Ainsi, tout commence lorsqu’il passe l’été 1904 avec Paul Signac qui lui enseigne les principes du néo-impressionnisme et de la division de la couleur. De cet enseignement, Matisse tire un engouement pour l’utilisation de la couleur, qu’il transmet à son ami André Derain durant l’été qu’ils partagent, en 1905 à Collioure, dans le Sud de la France.

Autour d’eux se forme un groupe de peintres (notamment Georges Braque, Henri Manguin, Charles Camoin) passionnés par cette utilisation de la couleur pure.

Henri Matisse, La femme au chapeau, 1905, MoMA San Francisco
Henri Matisse, La femme au chapeau, 1905, MoMA San Francisco

Ainsi, ils exposent ensemble au Salon d’Automne de 1905. C’est à cette occasion que naît le terme de « Fauves » pour les désigner, et par extension le « Fauvisme ».

En effet, le critique d’Art Louis Vauxcelles déclara dans un article, à propos d’une sculpture qui se trouvait dans la salle VII où exposait le groupe de peintres  : « Au centre de la salle, un torse d’enfant et un petit buste en marbre, d’Albert Marque, qui modèle avec une science délicate. La candeur de ces bustes surprend au milieu de l’orgie des tons purs :  Donatello chez les fauves. »  Le terme fut ainsi repris par les artistes.

2. Les sources du mouvement

Le Fauvisme se développe à partir d’un grand nombre d’influences diverses. Parmi elles, celles du néo-impressionnisme mais aussi de Paul Gauguin sont cruciales. Le néo-impressionnisme, mené par Paul Signac, se caractérise par l’apposition de petites touches de couleurs pures directement sur la toile, l’œil du spectateur réalisant seul le mélange des tons.

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André Derain, Big Ben, 1906, MAM Troyes

Gauguin, qui travaillait lui la couleur par aplats, a également été un modèle pour les Fauves, de même que son utilisation d’un cerne autour des figures. Les tableaux de Vincent Van Gogh, lui aussi un maître des couleurs, ont inspiré certains Fauves tels que Maurice de Vlaminck.

Le Fauvisme, qui se développe à la même période que le Cubisme, présente un point commun avec lui : ses références aux Arts premiers, océaniens et africains. Cette influence se retrouve particulièrement dans les portraits, les visages présentant des similitudes avec des masques africains.

3. Le règne de la couleur : les principes du Fauvisme

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André Derain, L’Estaque, route tournante, 1906, Museum of Fine Arts Houston

Pour les Fauves, la couleur prime sur le dessin, ainsi que sur la réalité. Cette façon de penser la peinture sera d’ailleurs une constante pour Matisse tout au long de son œuvre. Dans un tableau fauviste, les couleurs sont vives, exacerbées, mais surtout, utilisées pures – c’est-à-dire qu’elles ne sont pas ou peu mélangées entre elles sur la palette. Cette façon de peindre est non conventionnelle pour l’époque.

De plus, caractéristique encore plus choquante pour la période, le peintre ne respecte plus la réalité observable mais bien une réalité intérieure, picturale, puisque le choix des couleurs est arbitraire : les arbres peuvent ainsi être rouges, bleus, ou la peau verte…

La touche, elle, est très variable selon les artistes ou même les tableaux, à l’image de Derain qui s’essaye aux aplats mais aussi au pointillisme. La majorité des tableaux montrent aussi un travail de simplification des formes.

4. Les sujets des Fauves

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Maurice de Vlaminck, Les arbres rouges, 1905, MNAM Paris

Contrairement à l’Impressionnisme qui s’attachait surtout au genre du paysage, les sujets des tableaux Fauvistes sont nombreux. La nature demeure néanmoins un sujet de prédilection, tout particulièrement les paysages du Sud de la France, car ils présentent un luminosité qui fascine les artistes du mouvement. Les paysages de l’Estaque, de Collioure ou Saint-Tropez sont ainsi très présents dans les œuvres de Matisse, Derain ou encore Camoin.

Cependant, certains peintres s’intéressent au Nord de la France, à l’image de Raoul Dufy et Maurice de Vlaminck. On remarque que les arbres constituent un sujet de prédilection pour tous. La ville, elle aussi, est représentée. Enfin, de nombreux portraits suivent les principes du Fauvisme, tels que les célèbres La raie verte de Matisse ou encore Portrait de Matisse par Derain.

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Henri Matisse, Portrait à la raie verte, 1905, Statens Museum for Kunst, Copenhague

5. Une influence considérable

Le Fauvisme est un mouvement éphémère, qui fut un moment d’expérimentation pour les peintres. Cependant, il eut une influence majeure sur les recherches picturales dans la suite du XXe siècle. Il permit notamment de débuter un questionnement sur le rôle et la place de la couleurs, mais aussi sur la représentation de la réalité.

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Wassily Kandinsky, Murnau, Paysage à la maison verte, 1909, collection particulière

Il se diffusa rapidement en Europe, notamment en Belgique, en Hongrie et en Espagne. Il fut pratiqué notamment par certains artistes tels que Kandinsky ou Malevitch – ces même peintres, qui, dans les années 1910, furent les premiers à oser l’abstraction…

Les Fauves par Zürcher

EAN : 9782850254031
220 pages
Éditeur : FERNAND HAZAN (30/11/-1)

Résumé :
Leurs tableaux font scandale au Salon d'Automne de 1905. La critique s' indigne de ce "pot de peinture jeté à la figure du public" ! Les fauteurs de trouble s' appellent Matisse, Marquet, Derain, Vlaminck... En l'espace de quatre ans seulement (de 1904 à 1907), ceux qu'on appelle désormais les "fauves" vont sortir la peinture de l 'orbite impressionniste pour ouvrir la voie au cubisme, à l'abstraction, à l'expressionnisme, au futurisme.

Bernard Zürcher s' attaché moins à retracer la chronologie des événements qu'à éclairer les relations entre les protagonistes qui, souvent par groupe de deux, avancent dans la recherche d'une peinture de l'avenir. Derain et Vlaminck à Chatou, Friesz et Braque à Anvers, Matisse et Derain à Collioure... Chaque nouvelle expérience apporte une révolution picturale. L'utilisation de la couleur pure, sans mélange ni "fondus" en est une première manifestation. A Chatou, ce sont Derain et Vlaminck qui se font les initiateurs de cette mise à feu du paysage ; des balafres rouges pour représenter les branches d'arbres, la couleur utilisée comme un bâton de dynamite. A Collioure, Matisse engagé la voie dans le sens décoratif, aplatissant les reliefs et les perspectives, transformant le site en "un décor où doivent s' enclore en arabesques les figures".

Au rythme des rencontres, des expositions, des voyages, des échanges épistolaires, et soutenu par une iconographie abondante et originale, Bernard Zürcher établit un portrait dynamique de cette première "avant-garde" dont les acteurs marqueront de manière définitive l'art de la première moitié du XX°siècle. Il montre comment cette peinture, en son temps, à pu paraître "fauve" et pourquoi elle demeure d'actualité.

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L'Art Fauve - Beau Livre


Résumé

De 1904 à 1908, quelques peintres ébranlèrent l'establishment artistique tant par leurs déclarations que par leur peinture. Ni groupe organisé, ni mouvement, ils s'étaient rencontrés au hasard des écoles et des ateliers. Ils avaient vingt ans et se cherchaient un destin. Pendant quatre ans, ils se stimulèrent, se défièrent, s'éblouirent mutuellement de leurs insolences envers l'art établi, impressionnisme ou art des Nabis inclus. On les appela les Fauves. Ce livre leur donne la parole, entre dans leurs vies pour raconter la part humaine de leur aventure. " Le fauvisme n'est pas une invention, une attitude, mais une façon d'être, d'agir, de penser, de respirer. " Maurice de Vlaminck. " La peinture fauve, ce n'est pas tout, mais c'est le fondement de tout. " Henri Matisse. " Si tu veux être un homme, ne pas mourir avant d'avoir vécu, écarte-toi des idées toutes faites, de la nourriture toute mâchée et des récompenses. " Maurice de Vlaminck. " Il faut créer le monde des choses qu'on ne voit pas. " Raoul Dufy. " La couleur contribue à exprimer la lumière, non pas le phénomène physique, mais la seule lumière qui existe en fait, celle du cerveau de l'artiste. " Henri Matisse. " Le fauvisme a été pour nous l'épreuve du feu... Le grand mérite de cette épreuve fut d'affranchir le tableau de tout contact imitatif et conventionnel. " André Derain. " J'abîmais tout par principe et travaillais comme je sentais, rien que par la couleur. " Henri Matisse. " Ecrire n'est pas décrire. Peindre n'est pas dépeindre. La vraisemblance n'est que trompe-1'œi1. " Georges Braque. " Je voudrais étudier des dessins de gosses. La vérité y est sans doute. " André Derain... C'est un livre de chair et d'âme que les tableaux, souvent inédits, exaltent.