NICE, La promenade des Anglais
Avenue de la Gare, Nice, France, 1890-1900.
Nice, Hôtel Ruhl, 1930
Il a la cinquantaine lorsqu'il vient à Nice en 1926, après un voyage au Maroc avec son ami le couturier avant-gardiste Paul Poiret, pour lequel il dessine des textiles. Il reviendra les deux années suivantes en 1927 et 1928 avec son épouse niçoise Emilienne (puis en 1933 et 1940).Dufy va renoncer à Nice à son contrat signé en 1912 avec le fabriquant de soieries lyonnais Bianchini-Ferrier, qui l'engageait à livrer 8.000 motifs de tissus tous les ans, explique Marie Lavandier, commissaire de l'exposition et directrice des musées de la ville de Nice. L'artiste veut se consacrer à nouveau à la peinture et expérimente en réalisant des séries.Il a été influencé à ses débuts par l'impressionnisme, puis par le fauvisme de Matisse, avant une attirance passagère pour le cubisme de Cézanne.A partir du milieu des années 1920, son style s'affirme avec ses grandes bandes horizontales ou verticales de couleurs vives arbitraires, violettes, rouges, bleues, vertes, qui sont dissociées du dessin fait au pinceau. Dufy est resté dans les mémoires comme le peintre de la "couleur-lumière", rappelle Marie Lavandier.Positionné d'une fenêtre de l'Hôtel Suisse de Nice, avec sa vue plongeante englobant l'ensemble de la baie des Anges, le peintre émerveillé peint toute une série de Promenades des Anglais stylisées et joyeuses.De sa palette nait une déclinaison infinie de bleus éclatants, virant au vert émeraude. Pour faire ressortir l'aveuglante lumière méditerranéenne, il utilise l'encre de chine noire pour dessiner les contours de la plage, les ombrelles des promeneuses, voire les vaguelettes, souligne Marie Lavandier.- "Couleurs vives dissociées du dessin" -Dufy peint aussi à Nice un thème récurrent de son oeuvre: une pièce intérieure avec une fenêtre ouverte sur la mer, permettant de jouer entre mobilier et paysages.Ses tableaux intérieurs chatoyants -comme "La fenêtre ouverte à Nice" (prêt du MoMa)- rappelle à s'y méprendre des oeuvres de Matisse peignant derrière ses persiennes dans la ville. Les deux artistes reposent tous deux dans le cimetière Cimiez de Nice.Dufy peint aussi sous tous les angles l'ancien casino Belle époque de la jetée-promenade, aux allures de palais oriental, construit sur pilotis au-dessus de la mer et détruit par les Allemands en 1944. Il reprendra le motif dans toute une série de tableaux de 1948, réalisés après la destruction de l'édifice.L'artiste entreprend en effet la plupart de ses toiles en atelier, comme en attestent ses carnets de croquis dans lesquels il annote précisément couleurs et impressions. La pratique permet de mêler imaginaire et réel.Ce coin de Méditerranée est aussi l'occasion d'accroître sa palette de motifs marins et niçois -poissons, palmiers, baigneuses, coquillages, vagues et même le casino- qu'il utilise dans la création de tissus et de céramiques, très présents dans l'exposition.
Une centaine d'oeuvres sont exposées. Virtuoses dessins personnels grand format à l'encre de chine avec des scènes bigarrées du Vieux Nice complètent le tour d'horizon de sa présence à Nice, aux côtés de gouaches, huiles sur toiles et aquarelles, prêts du Centre Pompidou, du musée Paul Valéry de Sète, du musée du Havre, du musée des tissus de Lyon, ou encore de collections privées comme celles de David Nahmad ou du Palais princier de Monaco.
On regrette presque que le musée, installé dans un palais Belle époque, n'ait pas exposé concomitamment l'ensemble de sa collection permanente riche de 200 oeuvres de Raoul Dufy, léguée par son épouse.
Jusqu'au 4 octobre, Nice célèbre sa Promenade des Anglais dans 13 galeries et musées, un événement phare pour plaider son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
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