marți, 6 iulie 2021

VENEZIA VADE MECUM

 https://www.vivre-venise.com/basilique-saint-marc-venise/

http://monumentsdevenise.com/

https://www.tripadvisor.fr/Attractions-g187870-Activities-c47-Venice_Veneto.html

https://www.venicewelcome.com/fr/info/monuments_de_venise/

https://les-bons-plans-de-venise.com/monuments/


Venise

La lagune de Venise
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L'histoire de Venise
Les institutionsles doges
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Les monuments de Venise

Canaux, ponts, rues et places

Le Grand Canal
Le Canal de Cannaregio
La Riva dei Schiavoni
La Place Saint-Marc
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Les monuments civils
Le Palais des Doges
Le Campanile
La Tour de l'Horloge
Les Procuratie
La bibliothèque Marciana
La Zecca (Monnaie)
L'Arsenal
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Les églises de Venise

Basilique Saint-Marc
Santa Maria de la Salute
San Giorgio Maggiore
San Zanipolo
Santa Maria dei Miracoli
San Zaccaria
Santa Maria dei Frari
San Polo
Santa Maria dell'Orto
San Francesco della Vigna
San Sebastiano
Santa Maria del Giglio
San Stefano
San Pietro di Castello
Chiesa dei Gesuati
Chiesa del Redentore
San Giacomo di Rialto
Santa Maria e San Donato (Murano)
Santa Maria Assunta (Torcello)
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Venise (lat. Venetia, ital. Venezia) est une ville maritime de l'Italie septentrionale (Vénétie), à 400 kilomètres de Rome, au milieu de lagunes de son nom, sur les bords de l'Adriatique, sur trois îles élevées au milieu de lagunes et reliées à la terre ferme par un pont de chemin de fer (3603 m), doublé par une route (pont de la Liberté); 270 800 habitants (2010). 

De ces trois îles, divisées elles-mêmes par des canaux en 117 îlots, la Giudecca, au Sud, est assez isolée; les deux autres, au centre, constituent la Venise proprement dite. La ville est sillonnée de canaux, qui y remplacent les rues. D'abord, le canal de la Giudecca, large de 400 mètres; puis le Grand Canal, en forme de S, long de 3700 mètres, large de 45 à 72; puis 177 autres canaux, franchis par 430 ponts reliant 118 îles et îlots; le tout parcouru par des canots à moteur, des petits bateaux pour le transport collectif (appelés vaporetti, parce qu'ils étaient autrefois à vapeur) et par les célèbres gondoles, aujourd'hui dévolues aux touristes (Canaux, ponts, rues et places de Venise). L'aspect est attirant au plus haut point et explique qu'un grand nombre de visiteurs passent dans la ville et aussi qu'une quantité assez considérable d'étrangers s'y fixent.
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Plan de Venise.
Plan de Venise en 1900 (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Le climat, du reste, malgré les préjugés contraires, est excellent. Si l'air y est souvent humide, il est, par contre, absolument pur des poussières qui chargent celui des villes continentales. De plus, le voisinage immédiat de la mer adoucit les écarts atmosphériques et tempère les transitions. La moyenne annuelle de température est de +13 °C, celle du mois le plus chaud est de + 23,9 °C, celle du mois le plus froid est de + 1,8 °C ; l'écart annuel n'est donc que de 22,10 °C. 
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Venise : San Giorgio Maggiore.
Gondoles sur le quai de la Piazzetta. Au fond, l'île de San Giorgio Maggiore, avec sa basilique.
Photo : © Thierry Labat, 2010.

Le port, après avoir été le plus important du monde, était complètement déchu pendant la période autrichienne; après que Venise ait été rendue à I'Italie, il a repris de l'importance, se hissant au niveau de ceux de Gênes et de Trieste. La construction dans les années 1920 d'un deuxième port a encore accru l'activité portuaire de la ville. Outre le tourisme, première activité économique de la ville, il y existe toujours des industries traditionnelles telles que la verrerie. Le trafic portuaire a par ailleurs favorisé sur le continent (à Mestre et Port Marghera) l'implantation de nombreuses usines (produits chimiques, raffineries de pétrole, électrométalurgie, etc.)


Vue de Venise depuis le Campanile. En haut, l'église des Frari; en bas à gauche,
le palais Contarini del Bovolo, avec son escalier en colimaçon.

Les monuments de Venise.
Mais Venise attire surtout le voyageur par sa beauté. Après le gigantesque pont de 3603 mètres avec 222 arches sur lequel passe le chemin de fer, le touriste va d'abord
au centre de la ville, à l'admirable place Saint Marc, entourée de constructions à arcades, les Procuratie Vecchie et Nuove, la basilique de Saint-Marc. On y admire le Campanile dominant le bijou de sculpture qu'on appelait la Loggetta. Ce campanile, haut de 98 m, qui datait des XIIIe et XIVe siècles, s'est écroulé en 1902 et a été reconstruit ensuite à l'identique. La place, dallée de pierres unies et polies qui n'ont jamais été frappées par le pied des chevaux, est animée par le vol d'innombrables pigeons. En retour d'équerre, la Piazzetta, bornée par le palais ducal. Deux colonnes de granit supportent l'une le lion ailé de saint Marc, l'autre un Saint Théodore terrassant un dragon. Le Grand Canal, bordé de plus de cent cinquante palais du style byzantin du XVe siècle, enjambé par le magnifique pont du Rialto, attire aussi les visiteurs.
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Venise : le Grand Canal.
Partie supérieure de la façade Nord de la basilique Saint-Marc.

Les monuments sont dignes de leur renom. Des quatre-vingt-dix églises de Venise, la basilique byzantine de San Marco (Saint-Marc) est la plus intéressante. Parmi les autres églises, citons San Zanipolo (Santi Giovanni e Paolo), panthéon où sont ensevelis la plupart des grands hommes dont s'enorgueillit Venise; Santa Maria della Salute, somptueuse, du XVIIe siècle; Santa Maria dei Miracoli, écrin de marbre, San Salvatore, véritable musée, etc. Parmi les édifices civils, le palais des Doges (palais ducal), reconstruit au XVe siècle, restauré après deux incendies, en 1483 et 1574, est une merveille un peu étonnante au premier abord. Le musée et la bibliothèque de Saint-Marc, riche de plus de 200 000 volumes et de 10 000 manuscrits précieux, s'y trouvent. Le palais communique avec les célèbres prisons, autrefois appelées les Plombs et les Puits, par le pont des Soupirs. L'opéra de la Fenice, construit au XVIIIe siècle, initialement appelé Teatro San Benedetto, doit son nom actuel à ce que, comme l'oiseau mythologique  (le Phénix), il a survécu à plusieurs incendies. Le dernier en janvier 1996 a obligé a le reconstruire entièrement; sa réouverture n'a eu lieu qu'en novembre 2003. 
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Venise, vue par H. Taine

« C'est la perle de l'Italie; je n'ai rien vu d'égal; je ne sais qu'une ville qui en approche, de bien loin, et seulement pour les architectures : c'est Oxford. Dans toute la presqu'île, rien ne peut lui être comparé. Quand on se rappelle les sales rues de Rome et de Naples, quand on pense aux rues sèches, étroites de Florence et de Sienne, quand ensuite on regarde ces palais de marbre, ces ponts de marbre, ces églises de marbre, cette superbe broderie de colonnes, de balcons, de fenêtres, de corniches gothiques, mauresques, byzantines, et l'universelle présence de l'eau mouvante et luisante, on se demande pourquoi on a perdu deux mois dans les autres villes, pourquoi on n'a pas employé tout son temps à Venise. On fait le projet de s'y établir, on se jure qu'on y reviendra; pour la première fois, on admire non pas seulement avec l'esprit, mais avec le coeur, les sens, toute la personne. On se sent prêt à être heureux; on se dit que la vie est belle et bonne. On n'a qu'à ouvrir les yeux, on n'a pas besoin de se remuer; la gondole avance d'un mouvement insensible; on est couché, on se laisse aller tout entier, esprit et corps. Un air moite et doux arrive aux joues. On voit onduler sur la large nappe du canal les formes rosées ou blanchâtres des palais endormis dans la fraîcheur ou le silence de l'aube; on oublie tout, son métier, ses projets, soi-même; on regarde, on cueille, on savoure, comme si tout d'un coup, affranchi de la vie, aérien, on planait au-dessus des choses, dans la lumière et dans l'azur.

Le Grand-Canal développe sa courbe entre deux rangées de palais qui, bâtis chacun à part et pour lui-même, ont sans le vouloir assemblé leurs diversités pur l'embellir. La plupart sont du moyen âge avec des fenêtres ogivales couronnées de trèfles, avec des balcons treillissés de fleurons et de rosaces, et la riche fantaisie gothique s'épanouit dans leur dentelle de marbres sans jamais tomber dans la tristesse ni dans la laideur : d'autres, de la Renaissance, étagent leurs trois rangs superposés de colonnes antiques. Le porphyre et la serpentine incrustent au-dessus des portes leur pierre précieuse et polie. Plusieurs façades sont roses on bariolées de teintes douces, et leurs arabesques ressemblent aux lacis que la vague dessine sur un sable fin. Le temps a mis sa livrée grisâtre et fondue sur toutes ces vieilles formes, et la lumière du matin rit délicieusement dans la grande eau qui s'étale. 

Le canal tourne, et l'on voit s'élever de l'eau, comme une riche végétation marine, comme un splendide et étrange corail blanchâtre, Santa Maria della Salute avec ses dômes, ses entassements de sculptures, sou fronton chargé de statues; plus loin, sur une autre île, San Giorgio Maggiore, tout arrondi et hérissé comme une pompeuse coquille de nacre. On reporte les yeux vers la gauche, et voici Saint-Marc, le campanile, la place, le palais ducal. Il est probable qu'il n'y a pas de joyau égal au monde. Cela ne peut pas se décrire; il faut voir des estampes, et encore qu'est-ce que des estampes sans couleur? Il y a trop de formes, une trop vaste accumulation de chefs-d'oeuvre, une trop grande prodigalité d'invention : on ne peut que démêler quelque pensée générale bien sèche, comme un bâton qu'on rapporterait pour donner l'idée d'un arbre épanoui. Ce qui domine, c'est la fantaisie riche et multiple, le mélange qui fait ensemble, la diversité et le contraste qui aboutissent à l'harmonie. Qu'on imagine finit ou dix écrins suspendus au col, aux bras d'une femme, et qui sont mis d'accord par leur magnificence ou par sa beauté.

L'admirable place, bordée de portiques et de palais, allonge en carré sa forêt de colonnes, ses chapiteaux corinthiens, ses statues, l'ordonnance noble et variée de ses formes classiques. A son extrémité, demi-gothique et demi-byzantine, s'élève la basilique sous ses dômes bulbeux et ses clochetons aigus, avec ses arcades festonnées de figurines, ses porches couturés de colonnettes, ses voûtes lambrissées de mosaïques, ses pavés incrustés de marbres colorés, ses coupoles scintillantes d'or : étrange et mystérieux sanctuaire, sorte de mosquée chrétienne, où des chutes de lumière vacillent dans l'ombre rougeâtre, comme les ailes d'un génie dans son souterrain de pourpre et de métal. Tout cela fourmille et poudroie. A vingt pas, nu et droit comme un mât de navire, le gigantesque campanile porte dans le ciel et annonce de loin aux voyageurs de la mer la vieille royauté de Venise. Sous ses pieds, collée contre lui, la délicate loggetta de Sansovino semble une fleur, tant les statues, les bas-reliefs, les bronzes, les marbres, tout le luxe et l'invention de l'art élégant et vivant, se pressent pour la revêtir. 

Çà et là vingt débris illustres font en plein air un musée et un mémorial : des colonnes quadrangulaires apportées de Saint-Jean-d'Acre, un quadrige de chevaux de bronze enlevé de Constantinople, des piliers de bronze où l'on attachait les étendards de la cité, deux fûts de granit qui portent à leur cime le crocodile et le lion ailé de la république; devant eux un large quai de marbre et des escaliers où s'amarre la flotille noire des gondoles. On reporte les yeux vers la mer et on ne veut plus regarder autre chose; on l'a vue dans les tableaux de Canaletti, mais on ne l'a vue qu'à travers un voile. La lumière peinte n'est point la lumière réelle. Autour des architectures, l'eau, élargie comme un lac, fait serpenter son cadre magique, ses tons verdâtres ou bleuis, son cristal mouvant et glauque. Les mille petits flots jouent et luisent sous la brise, et leurs crêtes pétillent d'étincelles. A l'horizon, vers l'Est, on aperçoit au bout du quai des Esclavons, des mâts de navires, des sommets d'églises, la verdure pointante d'un grand jardin. Tout cela sort des eaux, de toutes parts on voit le flot entrer par les canaux, vaciller le long des quais, s'enfoncer à l'horizon, ruisseler entre les maisons, border les églises. La mer lustrée, lumineuse, enveloppante, pénètre et ceint Venise comme une gloire. »
 

(H. Taine, Voyage en Italie, 1865I).
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Venise : le Grand canal de nuit.
Le Grand canal, à la tombée de la nuit.

Plans de Venise.

Plan de Venise (1764).
1764
Plan de Venise (1886).
1886
Plan de Venise (1900).
1900
Cliquer sur les miniatures ci-dessus pour afficher les cartes.

L'Histoire de Venise.
Venise tire son nom de celui d'une tribu de la Gaule cisalpine, les Vénètes, qui occupait les îles voisines de celle où est bâtie la ville actuelle. Les habitants de ces îles furent en fait indépendants dès la chute de l'empire d'Occident et se donnèrent une première constitution, dès 455. Au VIIIe siècle, le jeune Etat acquit la possession du littoral jusqu'à l'Adige. Dès le Xe siècle, Venise prenait pied sur la côte dalmate, développait ses relations politiques et commerciales avec l'Orient et, en 1117, obtenait droit de souveraineté sur Tyr et Ascalon, en récompense du secours amené aux croisés par le doge Micheli. Au XIIe siècle, après des guerres contre PadouePise et Ravenne, elle entre dans la lutte des ligues véronaise et lombarde contre Frédéric Barberousse, qui se rencontre dans ses murs avec le pape (1177). En 1201, elle se charge du transport des croisés, prend Zara (1202), et son armée, commandée par Dandolo, prend Constantinople (1203). 
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Vue de Venise en 1493.
Venise en 1493 (gravure de Hartmann Schedel).

Dans le partage des dépouilles, Venise obtint plus du quart de l'Empire grec et, notamment  la Crète et la Morée (Péloponnèse). Ayant ainsi développé leur puissance, les Vénitiens commencèrent au siècle suivant à s'étendre sur le territoire italien. En 1336, leur alliance avec Florence contre les della Scala leur valut Trévise et Castelfranco. Deux guerres contre Gênes (1350-1354 et 1378-1381 ou guerre de Chioggia); le procès de Marino Faliero (1355); d'autres luttes contre les Carrare, auxquels elle enleva Vérone et Padoue (1405-1406), les Visconti (1426), les Sforza (14361450); le procès de Carmagnola (1432) marquèrent l'histoire agitée de la république au début du XVe siècle. En 1453, Venise, qui vient, la première des Etats chrétiens, de traiter avec les Turcs, est à l'apogée de sa grandeur. Son territoire, peuplé d'environ 3 600 000 habitants, se composait alors de trois parties distinctes :

1° le Duché (Dogado), qui embrassait la ville de Venise et ses dépendances immédiates dans les lagunes (Chioggia, Malamocco, Burano, Murano, Grado, etc.); 

2° les Etats de terre ferme, comprenant, avec le Frioul, les territoires de TrévisePadoueSienneVéroneBresciaBergameRavenne, etc.; 

3° les Etats maritimes, qui embrassaient l'Istrie, la Dalmatie, partie de l'Albanie (Durazzo, Scutari, etc.), partie de la Morée (Patras, Argos, Napoli de Romania, etc.), partie de la Macédoine avec Thessalonique, Candie (Crète), Nègrepont, d'autres îles de la Mer Egée.

Le développement du luxe et des arts répond à cette prospérité. Les Bellini commencent l'école vénitienne et Alde Manuce établit ses presses à Venise en 1480 (L'invention de l'imprimerie). La découverte de l'Amérique, Ies difficultés intérieures (procès des Foscari, 1456-1457, la lutte contre l'expansion ottomane (guerre de Morée, 1454-1456), la guerre du Frioul (1499-1503) marquent le commencement de la décadence. Venise, entrée dans la ligue contre Charles VIII (1495), voit ses troupes battues par Louis XII à Agnadel (1509) et par Gaston de Foix à Brescia (1511). Après la paix de 1513, Venise, absorbée par la lutte contre les Turcs, amis de la maison d'Autriche, se détourne des affaires italiennes. Elle perd une partie de ses possessions d'Orient en 1540 et profite du répit que lui procure Lépante (1571) pour avoir avec Paul V la fameuse querelle où se signala Fra Paolo Sarpi (1606-1607). En 1626, elle s'unit avec la France pour la guerre de la Valteline et ne s'occupe plus, dès lors, que de sauver les débris de son empire maritime.


Venise perd la Crète en 1669, et, si les victoires de Morosini lui reconquièrent la Morée à la paix de Carlowitz (1699), elle la perd définitivement à Passarowitz (1718). Elle n'est plus, dès lors, qu'une cité de luxe et de plaisir. Sa conduite hésitante sous la Révolution amena sa chute et sa cession à l'Autriche au traité de Campo-Formio. Chef-lieu d'un département du royaume d'Italie en 1805, Venise redevint autrichienne en 1815. Elle s'insurgea le 20 mars 1848 et fit capituler le gouverneur autrichien Zichy le 22, et, après Novare, décida de continuer la lutte, bien que réduite à ses seules forces. Après une défense héroïque, dirigée par Manin, elle succomba le 22 août 1849. La guerre de 1866 la rendit à l'Italie. Cédée à Napoléon III par l'empereur d'Autriche le 5 juillet 1866, elle fut rétrocédée par le premier à l'Italie dès le 29. Le 4 novembre, Victor-Emmanuel promulguait le décret portant réunion de la Vénétie et de Mantoue au royaume d'Italie. (NLI).
 
La Fête de l'Ascension et des Epousailles de la mer

Cette fête, instituée en 997 à l'occasion de la victoire remportée par le doge Pietro Orseolo II contre les pirates Narentais, était parmi les fêtes disparues de Venise la plus importante. Au début la cérémonie consistait dans la visite que le doge faisait au Lido avec la Seigneurie, et dans la bénédiction de la mer, donnée par l'évêque de Castello; mais à la suite de la paix conclue à Venise en 1177, entre Alexandre III et Frédéric Barberousse, le pape voulant témoigner sa propre reconnaissance à la République pour les bons services qu'il en avait reçus, il accorda beaucoup de privilèges et d'indulgences et offrit au doge plusieurs dons, parmi lesquels l'anneau, avec lequel chaque année ce dernier devrait épouser la mer en signe de la suprématie de Venise sur l'Adriatique et de la soumission de la mer à la République.
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Guardi : départ du Bucentaure.
Le départ du Bucentaure pour le Lido le jour de l'Ascension,
par Francesco Guardi.

A partir de cette époque la fête prit une solennité spéciale; l'on construisit alors le grand et somptueux navire appelé Bucintoro (Bucentaure), tout recouvert de velours et de dorures, sur lequel le matin de l'Ascension, au milieu de l'exultation du peuple, le doge prenait place entouré de la Seigneurerie, des Gouverneurs de l'Arsenal, des Magistrats, des Notabilités et des dignitaires de la République. Le Bucintoro, ayant à sa proue la statue de la justice, partait de la Piazzetta de Saint Marc, poussé par 42 avirons, mûs par 168 rameurs choisis entre les plus vaillants ouvriers privilégiés de l'Arsenal et se dirigeait majestueusement vers le Lido, entouré de nombreuses embarcations, qui arboraient des garnitures d'une magnificence indescriptible. A peine avait-on dépassé l'embouchure du port versait qu'on du haut du superbe navire un grand vase d'eau bénite dans l'Adriatique; le doge y jetait la bague en proférant la formule sacramentelle: 

Desponsamus te, mare, in signorum perpetuique veri dominii.
« Nous t'épousons, ô mer, en signe de domination absolue. »
Cette cérémonie était suivie d'une fonction religieuse dans l'église de Saint Nicolas de Lido, ensuite le doge et son imposant cortège des nobles et du peuple, retournait au palais Ducal, où l'on servait un banquet somptueux.

A la même occasion, on tenait sur la place Saint Marc la fameuse grande Foire de l'Ascension, où, dans des boutiques et des comptoirs improvisés, on exposait les plus belles et précieuses marchandises venant de l'Orient. La foire dura d'abord 8 jours, puis elle fut prolongée jusqu'à 15; pendant cette période les amusements les plus variés se succédaient, tels qu'illuminations, jeux de force et d'acrobatie, des bals et tous les autres divertissements publics de l'époque, y compris aussi le fameux Vol, consistant en l'apparition d'un jeune garçon, qui, assuré à une corde, descendait du clocher pour apporter un bouquet de fleurs en hommage au doge; du portique du palais des Doges, celui-ci assistait aux différentes fêtes.

Après la chute de la République, la fête traditionnelle n'eut plus lieu et l'on dit que Napoléon brûla le célèbre Bucintoro pour en récupérer l'or, mais les restes de ce navire sont conservés au musée Correr; un modèle très fidèle en est conservé à l'Arsenal. (A. S.).

Venise : canal de Noale.
Le rio di Noale (quartier de Cannaregio). Au fond, la Scuola Nuova della Misericordia.
 © Photos : Serge Jodra, 2012.


Amable de Fournoux, La Venise des Doges : Mille ans d'Histoire, Pygmalion, 2009. 
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Riccardo Calimani (préf. Elie Wiesel), Histoire du ghetto de Venise, Tallandier, réed. 2008.
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Venise
Les monuments de Venise
Aperçu
Aspect de Venise; les monuments
L'histoire de Venise
Venise, bâtie sur pilotis, au milieu de la lagune, doit à sa situation maritime un aspect unique au monde. Quand on y arrive en chemin de fer, elle apparaît à demi voilée par la brume, comme surgissant des flots de la mer. Lorsqu'on quitte la gare pour prendre les petits bateaux (vaporetti) qui sillonnent le Grand Canal, on croit traverser une immense avenue, développant sa courbe entre deux rangées de palais de teinte et de style divers, d'une harmonieuse et étrange variété.

Lorsqu'on arrive au bout du canal, on aperçoit brusquement l'incomparable panorama qu'offrent aux yeux : à gauche, une des places les plus monumentales qui soient au monde; à droite, deux îles surchargées de dômes et de sculptures. Si l'on pénètre dans l'intérieur de la ville, on ne cesse d'admirer les perspectives imprévues que présentent à l'oeil tous ces petits canaux tortueux qui la pénètrent dans tous les sens, baignant le pied de ses maisons, et sont séparés ou bordés par d'étroites ruelles (appelées calli), dallées ou asphaltées  (Canaux, ponts, rues et places de Venise)
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Venise : le rio San Barnaba.

Le rio San Barnaba.

La présence des gondoles et autres petites embarcations qui les parcourent achève de compléter la physionomie de Venise : ces gondoles sont des barques longues et effilées, peintes en noir, recourbées à l'avant en forme de col de cygne,  surmontées à l'arrière d'une plate-forme d'où le gondolier dirige et pousse l'embarcation avec une seule rame.

Autour de la place et de la Piazzetta de Saint  Marc s'élèvent de magnifiques et gracieux édifices, qui sont des monuments insignes et historiques de la merveilleuse grandeur et génialité de l'ancienne République de Venise; ils révèlent les phases successives et le développement de l'art architectural à travers ses différentes manifestations pendant la longue période de dix siècles.

Ces édifices, ainsi que ceux placés le long du Grand Canal et dans les autres parties de la ville permettent d'admirer l'application et l'évolution des différents styles, en commençant par le lombard ou romanique, qui ensuite se transforma en italo-byzantin (à la suite des fréquents rapports avec Constantinople) jusqu'au baroque qui se manifesta de façon remarquable pendant la première moitié du XVIIe siècle, pour se rapprocher au siècle suivant du style classique commencé par Sansovino.


En raison de sa situation particulière, Venise ne présente pas la même unité de plan que les villes continentales. On peut pourtant y distinguer quatre parties : 1° le Grand Canal; 2° la place Saint-Marc et ses environs; 3° les monuments et les places de l'intérieur; 4° les Îles.

Le Grand Canal

Le Grand Canal, qui s'étend de la gare à la place Saint-Marc, a 3 km de long et 30 à 60 m de large; il est bordé de beaux palais. 

« La plupart sont du Moyen âge, avec des fenêtres ogivales couronnées de trèfles, avec des balcons treillissés de rosaces, et la riche fantaisie gothique s'épanouit dans leur dentelle de marbre sans jamais tomber dans la tristesse ni la laideur; d'autres, de la Renaissance, étagent leurs. trois rangs superposés de colonnes antiques. Le porphyre et la serpentine incrustent au-dessus des portes leur pierre précieuse et polie. Plusieurs façades sont roses ou bariolées de teintes douces. Le temps a mis sa livrée grisâtre en fondant sur toutes ces vieilles formes. » 
Les principaux de ces monuments sont, en partant de la gare; l'église des Scalzi (1649-1689), curieux spécimen du style baroque; le fondaco dei Turchi, transformé en musée d'Histoire naturelle; le palais Vendramin Calergi (1481), du commencement de la Renaissance; la Cà d'Oro, en style gothique, et la fondaco dei Tedeschi, ancien entrepôt des négociants allemands, qui a abrité aussi jusqu'à une époque récente la poste centrale.
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Venise : pont du Rialto.
La pont du Rialto (Giovanni Antonio, XVIIIe s.).

Le canal est alors traversé, à peu près en son milieu, par le pont du Rialto (1588-1591), d'une seule arche, de 48 m de long sur 22 de large, après lequel les palais seigneuriaux se multiplient : à droite, se rangent ceux des familles Papadopoli, Barbarigo, Pisani, Persico, Grimani, Balbi, Toscani, Giustiniani, Rezzonico, Contarini; à gauche, les palais Manin, Bembo, Dandolo, Correr, Spinelli, Mocenigo, Grassi, etc.. 
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Venise : façade du palais Cavalli Franchetti.
Venise : façade de la Ca' d'Oro.
Deux façades gothiques : celle du palais Cavalli Franchetti et, à droite, celle de la Ca' d'Oro.
Ci-dessous, le palais Balbi , de la fin de la Renaissance, (avec le clocher des Frari, à l'arrière-plan).
Les deux obélisques sur le toit signalenne l'ancienne demeure d'un amiral de République vénitienne.
Venise : le palais Balbi.

On aperçoit plus loin; à gauche, le palais Correr della Cà Grande (1532); à droite, ce qui reste de Santa Maria della Carita et Santa Maria della Salute : de ces deux églises, la seconde (1631-1682) dresse son dôme à l'extrémité du canal; la première a été transformée en Académie des beaux-arts (musée de l'Accademia), et contient une collection unique des plus beaux tableaux de l'école vénitienne : l'Assomption (1516-1518) et la Présentation (1535) de Titien, la Légende de sainte Ursule (1490-1495) de Vittore Carpaccio, et d'innombrables toiles de Bellini, de Palma le Vieux, du Tintoret et de Paul Véronèse. Un pont (1854), reliant le quartier de Saint-Marc au musée de l'Accademia (quartier de Dorsoduro), s'élève alors un peu avant la fin du Canal. 

La place Saint-Marc et ses environs

La place Saint-Marc, située au bout de la ville, forme avec les monuments qui l'entourent, un ensemble d'une telle richesse et d'une telle harmonie que Taine a pu écrire sans exagération : 

« II est probable qu'il n'y a pas de joyau égal au monde ». 
On peut y distinguer la place proprement dite et la Piazzetta, plus petite, et qui forme avec elle une équerre. La place a la forme d'un parallélogramme de 175 m de long, de 56 m et 82 m de large à ses deux extrémités. A l'angle de la Place et de la Piazzetta s'élève le Campanile, tour carrée de 99 m de haut, bâtie en 1417 (rebâtie au début du XXe s. après s'être effondrée), ornée à sa base d'une loggetta de Sansovino (1517); du sommet, la vue s'étend sur la ville, la lagune, la mer et une partie de la Vénétie. A côté se dressent des mâts, surmontés de drapeaux, qui reposent sur des piédestaux de bronze, et au pied desquels s'ébattent d'innombrables volées de pigeons. Trois côtés de la place sont bordés par les trois faces d'un immense palais de marbre, les Procuratie, ainsi nommé parce qu'il était autrefois habité par les procurateurs, puissants fonctionnaires de la République. Quoique bâties à des époques différentes (1496,1520-1584, 1810), les diverses parties de ce palais sont construites sur un plan unique, le rez-de-chaussée se compose d'arcades où circulent les promeneurs et devant lesquelles les cafés disposent des tables pendant la belle saison. Le côté Est de la place est occupé par la façade de l'église Saint-Marc.
« A son extrémité, demi-gothique et demi-byzantine, s'élève la basilique sous ses dômes, bulbeux et ses clochetons aigus, avec ses arcades festonnées de figurines, ses porches couturés de colonnettes, ses voûts lambrissées de mosaïques, ses pavés incrustés de marbres colorés, sa coupole scintillante d'or : étrange et mystérieux sanctuaire, sorte de mosquée chrétienne où des chutes de lumière vacillent dans l'ombre rougeâtre, comme les ailes d'un génie dans un souterrain de pourpre et de métal » (Taine). 
Saint-Marc a été commencé en 830, sur l'emplacement d'une ancienne basilique romane, restaurée en 976 et transformée complètement au XIe siècle dans le style byzantin. L'église a la forme d'une croix grecque, surmontée de cinq coupoles, la plus grande au centre, les quatre autres aux extrémités des branches de la croix. Plus de 500 colonnes en marbre, apportées d'Orient, sont distribuées à l'intérieur et à l'extérieur de l'église. D'innombrables mosaïques, exécutées pour la plupart du XIIe au XVIe siècle, couvrent une surface de plus de 4000 m². 
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Venise : la basilique Saint-Marc.
La basilique Saint Marc, vue depuis la Piazzetta. 

L'intérieur de la basilique Saint-Marc, très sombre, n'est éclairé que par de petites baies. Deux couleurs y dominent celle du marbre rougeâtre qui luit aux fûts des colonnes et lambrisse les murailles; celle de l'or qui tapisse les coupoles et incruste les mosaïques. Un péristyle couvert de mosaïques précède l'église; il est surmonté d'un quadrige en bronze doré (auj. une copie, l'original étant conservé à l'intérieur) qui orna primitivement l'arc de triomphe de Trajan à Rome, fut ensuite transporté par Constantin à Constantinople, emporté à Venise par le doge Dandolo en 1204, transféré à Paris par Bonaparte en 1797, et restitué à Venise en 1815. L'intérieur forme un vaisseau à trois nefs. On y remarque les ambons ou chaires de marbre placées à droite et à gauche de l'entrée du choeur, le maître-autel, et derrière celui-ci la Pala d'Oro, retable byzantin plaqué d'or et d'argent, incrusté d'émaux et de pierres précieuses. 

A droite, un baptistère communique avec la chapelle Zénon, où l'on admire un splendide tombeau du cardinal de ce nom. Le trésor contient des objets du culte et des ornements sacrés. Au Nord de Saint-Marc, sous les arcades du transept, un sarcophage en marbre, supporté par des lions, contient les restes de Daniele Manin (mort en 1857).
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Venise : édifices autour de la Piazzetta.
Venise : colonnes de saint Marc et de saint Théodore.
Venise : ornements du musée Correr.
Les édifices autour de la Piazzetta (la Bibliothèque, le Campanile et le palais des Doges).
A droite, les colonnes de Saint-Marc et de saint Théodore
au-dessous, détail de la façade du musée Correr (côté occidental de la place Saint-Marc).

A l'Est de la place s'étend la Piazzetta, rectangle dont le côté Nord est ouvert sur elle, le côté Sud sur la mer, le côté Ouest sur la bibliothèque, et le côté Est sur le palais des Doges. A son extrémité se dressent deux colonnes en granit, dont l'une (1180) supporte le lion ailé de Saint-Marc, et l'autre (1329) saint Théodore, ancien patron de Venise. La Bibliothèque Marciana (Libreria vecchia), commencée en 1536 par Sansovino, est une des plus belles constructions du XVIe siècle; elle a la forme d'une double galerie à piliers et à demi-colonnes, supportant des arcades. Sa splendeur en est pourtant éclipsée par le Palais des Doges, qui constitue avec la basilique Saint-Marc la merveille de Venise.

Ce palais, dont une façade de 75 m donne sur la Piazzetta, et une autre façade sur le quai, a été fondé en 800, cinq fois détruit, et rebâti entre 1424 et 1442 par les Buon. Sa construction extérieure présente cette particularité qu'elle semble violer toutes les règles de l'architecture classique, et que le plein y paraît reposer sur le vide. Une galerie de 36 colonnes, courtes et massives, placée à la base en supporte une seconde, ou loggia, de 71 colonnes, toute légère, dentelée d'ogives et de trèfles; sur un appui si frêle s'étale un mur massif en marbre rouge et blanc, dont les plaques s'entre-croisent en dessins et renvoient la lumière; au-dessus, une corniche de pyramides évidées d'aiguilles, de clochetons et de festons se découpe sur le ciel.
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Venise : statues de la cour du palais des Doges.
Statues de la cour intérieure du palais des Doges. 
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A l'intérieur, la cour, commencée au XVsiècle par Antonio Bregno (Rizzo) et Scarpagnino, et restée inachevée, est d'une grande magnificence. Autour de deux citernes de bronze sculpté (1556-1559), quatre façades de la première Renaissance développent leur architecture et leurs statues. Dans un coin, l'escalier des Géants (scala dei Giganti)  tire son nom des statues colossales de Mars et de Neptune par Sansovino (1554). A l'intérieur, les deux étages contiennent les appartements officiels, où se réunissaient les autorités de la République : le plus beau est la salle du grand Conseil, au premier; leur intérêt vient moins encore de leur architecture que des peintures qui les décorent : 
« là, Tintoret, Véronèse, Pordenone, Palma le Jeune, Titien, Bonifazio, vingt autres, ont couvert de leurs chefs-d'oeuvre les murs et les voûtes dont Palladio, Scamozzi, Sansovino ont fait les dessins et l'ornement; tout le génie de la cité en son plus bel âge s'est rassemblé ici pour glorifier la patrie en dressant le mémorial de ses victoires et l'apothéose de sa grandeur. Il n'y a point de pareil trophée dans le monde; [...] partout le déploiement de la force virile, de l'énergie active, de la joie sensuelle, et pour entrée de cette procession éblouissante, le plus vaste des tableaux modernes, un Paradis du Tintoret, long de 80 pieds, haut de 24, où 600 figures tourbillonnent dans une lumière roussâtre qui semble la fumée ardente d'un incendie ». 
Derrière le Palais des Doges, le pont des Soupirs (ponte dei Sospiri) le relie aux prisons (1571-1597), où l'on remarque les puits (pozzi) qui étaient destinés aux condamnés politiques; au Sud, le quai des Esclavons (riva degli Schiavoni), au milieu duquel s'élève une statue équestre de Victor-Emmanuel (1887), est une des promenades les plus animées de Venise.

Les monuments et les places de l'intérieur

En dehors de la place Saint-Marc, les principaux monuments sont disséminés, soit à l'Est et au Nord, soit à l'Ouest du Grand Canal. (Les églises de Venise).

Les quartiers au Nord et à l'Est.

Les églises.
L'église Santi Giovanni e Paolo (San Zanipolo, en dialecte vénitien) est une église de style gothique italien (1240-1430). On trouve également l'église Sainte-Marie des Miracles (chiesa di Santa Maria dei Miracoli) est une construction du XVe siècle; Santa Maria dell' Orto (Madone du Potager)  fondée en 1371; San Giobbe (1462) est une petite église de la Renaissance. San Giovanni Crisostomo, qui date de 1497; l'église des Santi Apostoli  (église des saints-Apôtres) est l'une des sept élevées par saint Magnus au VIle siècle, mais reconstruite au XVIIIe siècle. 
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Venise : église San Zanipolo.
L'église San Zanipolo. Au premier plan, le clocher blanc de Santa Maria Formosa 

L'église Sainte Marie Formosa est aussi au nombre de ces sept églises. Elle a été ensuite reconstruite plusieurs fois pendant la période du IXe au XVe siècle. San Zaccaria (1457-1515) marque la transition du gothique à la RenaissanceSan Francesco della Vigna est une église à une seule nef. Elle a été bâtie en 1534 d'après le plan de Sansovino. San Giorgio degli Schiavoni, également de la Renaissance. San Giorgio dei Greci (Saint-Georges des Gecs), église de style de la Renaissance, commencée en 1539 et achevée en 1548. Dans une petite île voisine s'élève San Pietro in Castello (église Saint Pierre), ancienne église patriarcale de Venise. Dans la boucle du Grand Canal, on a l'église San Moisè, l'église Santa Maria Zobenigo ou du Giglio, l'église Saint-Etienne (San Stefano), et les église de San Vitale et San Salvatore, où se réfugia en 1177 le pape Alexandre III, pour se soustraire aux persécutions de Frédéric Barberousse. Du haut du clocher on jouit d'une vue splendide sur la ville.

Les palais et édifices divers.
Les palais des Mori, ainsi appelés à cause de quelques statues enclavées dans le mur, représentant des personnes en costume oriental. L'une de ces statues est connue sous le nom d'Antonio Robia. On dit que ces palais, s'étendant sur un bon bout le long du Canal de la Madone dell'Orto, ont été bâtis sur l'ordre des frères Mastelli appelés : Rioba, Sandi et Afani, venus de la Morée s'établir à Venise pour y exercer le commerce des drogues. Dans l'un de ces palais on voit sur la façade donnant sur le Canal, outre un autel païen antique, la statue d'un homme habillé à l'orientale, conduisant un chameau.

Le palais Contarini dal Bovolo, ainsi nommé à cause de son très bel escalier a buovolo (colimaçon), daté de la fin du XVe s.. La façade du palais regarde le rio de San Paternian. Dans la cour, on admire une très belle margelle de puits en style byzantin et une Madone tenant l'Enfant, qui existait dans une église qui existait autrefois à cet emplacement.
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Venise : palais Contarini dal Bovolo.
Venise : façade de la Fenice
Venise : intérieur de la Fenice
Le palais Contarini dal Bovolo avec son escalier extérieur en colimaçon; 
à droite, le théâtre de la Fenice.

Le théâtre de la Fenice, qui est le premier de Venise et né à l'origine par les soins d'une société d'actionnaires, qui en délibéra la construction en 1788 d'après un projet de l'architecte Antoine Selva. Ayant été détruit par un premier incendie, qui éclata la nuit du 12 décembre 1836, il fut bientôt reconstruit par l'architecte Thomas Modena, qui tâcha de s'en tenir, autant que possible, au style du vieil édifice. Une deuxième incendie a ravagé la Fenice le 29 janvier 1996. Après restauration, l'édifice à été rouver en décembre 2003. L'intérieur, à quatre rangs de loges, a de riches décorations. Le théâtre peut contenir environ 3000 spectateurs.

Le théâtre Rossini, jadis appelé saint Benoît. Il fut construit en 1733 par l'architecte François Costa, et à la suite d'un incendie, il fut réédifié par Pierre Chezia en 1773, puis restauré successivement. Quant au théâtre Malibran, il est dû à la famille Grimani, qui le fit construire en 1677; mais ensuite on le rebâtit en 1834. L'ancienne demeure de Marco Polo, détruite par un incendie au XVIe siècle, se situaot sur une partie de son emplacement, comme le rapelle une plaque scellée sur le mur (récent) du théâtre, du côté du canal di San Lio. On voit aussi ici dans la Cour della Sabbionera ou Corte II del Milion, qui lui donne accès, des restes de bas-reliefs byzantins.


L'ancienne abbaye et Scuola de Sainte-Marie de la Miséricorde, qui sont deux édifices placés l'un à côté de l'autre. Le premier remonte à 1308 et, à la suite de réformes et d'agrandissements successifs, il alla s'agrandissant le long des fondamenta. L'entrée de cet édifice, qui se trouve sur la nouvelle cour où était l'ancien hôpital pour les confrères, est surmonté d'un bas-relief de la Vierge et des saints attribué à Bartolomeo Buon. L'autre construction, élevée en raison de l'accroissement de la communanté, fut érigée par Lombardo en 1508 et achevée par Sansovino en 1552. 

Le palais Trevisan-Capello est un palais d'un aspect très grandiose, quoique peu symétrique. Au palais se rattache l'histoire de Bianca Cappello, qui dans la nuit du 28 novembre 1536 s'enfuit de cette demeure avec Pierre Bonaventura et se réfugia à Florence, où nos deux fugitifs s'épousèrent. Ayant contracté là une relation avec François de Médicis, fils de Cosimo ler, Grand-duc de Toscane, Bianca Cappello, après la mort de Bonaventura et de la femme de François (qui dit-on fut empoisonnée) se remaria au grand-duc le 12 octobre 1579, et fut de ce fait absoute du blâme que la République lui avait infligé pour sa vie juvénile déréglée. La République se fit représenter aux noces par deux ambassadeurs et par quatre-vingt-dix nobles de la ville.
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Venise : Arsenal vecchio.
Venise : église Santa Maria del Carmine.
La darsena di Arsenal Vecchio.
Statues à l'entrée de l'Arsenal.

L'Arsenal, précédé de quatre lions antiques rapportés du Pirée en 1687, contient un musée maritime et une collection d'armes. A l'extrémité Est de la ville, les jardins publics (giardini pubblici), plantés par ordre de Napoléon sur l'emplacement d'anciens couvents (1807), sont ornés d'un monument de Garibaldi (1887).

Les quartiers occidentaux et méridionaux.
Les quartiers à l'Ouest du Grand Canal (San Polo et Santa Croce) et au Sud (Dorsoduro) contiennent également de beaux monuments : au centre, les Frari, une des plus grandes et des plus belles églises de Venise; de style gothique (1280-1338), à trois nefs, avec des tombeaux de personnages célèbres et un superbe tableau d'autel du Titien; à côté, San Rocco (1490), avec la magnifique façade de la Scuola (= confrérie) di San Rocco.
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Venise : scuola grande di san Rocco.
La Scuola grande di San Rocco, à Venise.

La Scuola San Rocco, qui est l'unique entre tant d'autres, qui ait resisté avec ténacité aux rafales de la bourrasque napoléonienne. Son institution remonte au XVe siècle et la construction de l'édifice actuel commença en 1517. La plus grande partie des tableaux garnissant les salles, sont des oeuvres de Tintoret, si bien qu'on peut avec raison appeler cette école la pinacothèque de Tintoret. Il faut en excepter les tableaux sur les murs de l'escalier supérieur, représentant deux épisodes de la peste de 1630, dont l'un est de Zanchi, l'autre de Negri, et l'Annonciation de Titien. On remarque aussi une riche collection de toiles de Jacob Robusti, mais celle qui excelle entre toutes, c'est le Crucifiement qu'on peut considérer comme son meilleur chef-d'oeuvre. Les différents meubles et les sculptures en bois qu'on y conserve, sont tout ce qu'il y a de plus admirable; ils sont de Penso, Cà Bianca et même de Michel-Ange Buonarotti. La mosaïque des archives est l'oeuvre de Jean Novelli; le dallage de la Scuola est un travail moderne.

La Scuola de Saint Jean l'évangéliste, en style gothique, fut construite vers 1354; mais elle dut subir successivement plusieurs modifications. L'arc qui donne accès à la cour, fut exécuté en 1481, et le grand escalier intérieur, parmi les plus beaux de Venise, en fut construit après 1498; enfin en 1727 on réforma la grande salle, où l'on admire l'autel dessiné par Massari et plusieurs peintures de Tintoret, Peranda, Vicentino, Palma le Jeune, etc. Dans les autres locaux on admire de même des oeuvres de peinture magnifiques, des plus insignes artistes du XVe et XVIe siècle et des suivants, dont quelques-unes furent endommagées à la suite de l'incurie et par l'action du temps. 
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Venise : église et la scuola Saint-Jean l'Evangéliste.
Venise : église Santa Maria del Carmine.
L'église et la scuola Saint-Jean l'Evangéliste.
L'église Santa Maria del Carmine

Au Sud (quartier de Dorsoduro), citons  les églises Santa Maria del Carmine, et aussi San Sebastiano (1506-1518), qui contient d'excellents tableaux et le tombeau de Paul Véronèse; quant à l'église dei Gesuati, du XVIIIe siècle, elle se signale par son luxe froid, sa pompeuse façade de gigantesques colonnes composites.

Les îles

La principale île en dehors de la ville est la Giudecca, qui s'étend au Sud, et contient un quartier populaire avec un seul monument intéressant : l'église du Redentore, construite en 1596 par Palladio. A côté et dans le prolongement, la petite île de San Giorgio Maggiore est surmontée par l'église basilique du même nom qui fait face à la place Saint-Marc et dresse au-dessus de l'eau son dôme éblouissant de blancheur. La construction en a été commencée en 1560 par André Palladio et la façade terminée en 1575 par Scamozzi. 
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L'île de la Giudecca, vue depuis San Giorgio Maggiore. On distingue les dômes de l'églises 
du Zitelle (photo ci-dessous) et, au fond, de l'église du Rédempteur© Photos : Serge Jodra, 2012.
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Venise : chiesa delle Zitelle (Giudecca).

Plus loin, au Lido, on a aménagé une station de bains de mer très fréquentée pendant la belle saison. Des îles plus lointaines dans la lagune sont occupées par les villes de Murano (célèbre pour ses verreries, musée), Burano (dentelles, façades colorées) et Chioggia. (A. Pingaud).

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