Il semble approuver l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 202228,29 en déclarant notamment dans son homélie du 6 mars 2022 que " la Russie ne conduit pas en Ukraine un combat physique mais métaphysique contre les forces du mal."
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Controverses
Le patriarche Cyrille inspire la suspicion à des fidèles de l'Église orthodoxe russe pour son mode de vie ostentatoire, et les liens étroits qu'il entretient avec le régime du président Poutine : « Tout ce qu'il fait n'a rien à voir avec la foi et la vie des fidèles, et tout avec l'État et la politique », selon les mots d'une juriste de Ramenskoïe.
Liens avec le KGB
Dans les années 1970, Cyrille a été agent du KGB sous le nom de Mikhaïlov. Représentant du patriarcat à Genève, et alors qu'il roule à grande vitesse avec sa BMW avec comme passagers un colonel du KGB et son fils, il a un accident qui occasionne une blessure à ce dernier, et est rapatrié à Léningrad.
Importation de cigarettes
Dans les années 1990, il a été accusé par certains d'avoir profité de retombées de la vente de tabac. Ces allégations ont été faites sans aucune preuve pour les étayer37,38.
La montre Breguet
En 2009, l’église orthodoxe avait publié sur son site la photo d’une rencontre officielle entre le patriarche Cyrille et le ministre de la Justice. Beaucoup d’internautes ont remarqué le reflet d'une montre sous le poignet, sans montre, du patriarche : ce dernier a finalement admis la retouche grossière. La montre en question est une Breguet valant 20 000 euros.
Appartement à Moscou
En 2010, il intente aussi un procès à son voisin, l'ex-ministre de la Santé Iouri Chevtchenko, pour les conséquences de la poussière soulevée par les travaux de ce dernier sur le luxueux appartement (estimé à trois millions de dollars) qu'il occupe le long de la Moskova à Moscou, et obtient 700 000 dollars de dédommagements.
Il a appelé à prier « pour que personne ne puisse détruire la sainte Russie en lui enlevant l'Ukraine, dont la capitale, Kiev, est le berceau de l'orthodoxie russe » : « Nous devons aujourd'hui prier pour le peuple russe qui vit en Ukraine, pour que le Seigneur fasse la paix sur la terre ukrainienne (...), qu'il mette fin aux desseins de ceux qui veulent détruire la sainte Russie. »18 et pour que cesse la guerre. Antoine Arjakovsky, Directeur de recherches au Collège des Bernardins, évoque par exemple « les discours délirants à Moscou sur l’appartenance de l’Ukraine au monde russe (« rousskij mir ») de personnalités comme Nikita Mikhalkov ou le patriarche "Kirill" ».
En novembre 2015, le journaliste Boris Toumanov note que le patriarcat de Moscou s'est associé à la campagne menée par les autorités russes pour réhabiliter Staline et le régime soviétique. Il relève ainsi que Cyrille lors de l'ouverture de l'exposition « Russie orthodoxe » a déclaré en rejetant les critiques de Staline « on ne doit pas douter des mérites d’un homme d’État qui a conduit son pays à la renaissance et à la modernisation même s’il a commis quelques crimes ».=============================================================================par LIBERATION
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Pour accéder à son église, les fidèles empruntent un chemin boueux en bordure d'un cimetière enfoui sous les herbes. Ils franchissent le seuil en faisant grincer la porte en bois et se signent.
Ce matin, le prêtre Pavel Adelgeim, 74 ans, célèbre la messe. Il porte une chasuble bleue un peu sale et froissée. Il se déplace en boitant en raison d'une jambe amputée lors d'un séjour dans un camp soviétique, au début des années 70. Il se tient sur l'autel, au pied duquel on a disposé des roses déjà fanées. Entre deux prières, il se racle la gorge et tousse dans sa barbe grise.
Face à lui, il n'y a pas foule. Trois vieilles se recueillent. L'une est à genoux. Une autre, portant des collants en laine, remplace les cierges consumés. La troisième fixe le plafond voûté."Certains pensent que le bonheur est dans le confort et le luxe, mais ce n'est pas ce que nous enseigne Jésus", lance le prêtre. Et puis la messe s'achève dans les fumées d'encens. Nous sommes à Pskov, à 720 kilomètres de Moscou, dans le nord-ouest de la Russie. A la sortie, le père Pavel ouvre le coffre de sa vieille Volga grise. Il y fourre des sacs en plastique remplis de vêtements usagés laissés par les trois babouchkas et destinés aux orphelins."Ici, on survit, dit-il.J'espérais que notre nouveau patriarche ferait renaître l'église, mais il ne pense qu'à l'argent et au pouvoir !"
C'est vrai, il vit loin d'ici, Kirill Ier, le patriarche de toutes les Russies. Lorsqu'il prêche, c'est dans la majestueuse cathédrale du Christ-Sauveur, à Moscou, au milieu des chandeliers dorés, des icônes sous verre et parfois des touristes équipés d'audioguides. Sur le parvis, sa messe est retransmise sur deux écrans géants. A la fin de la cérémonie, l'homme s'engouffre dans sa limousine pendant que l'un de ses gardes du corps prend soin de baisser la croix dressée sur sa mitre.
Allégeance. Le règne de Kirill, 66 ans, aurait dû continuer ainsi dans l'ordre et le faste. Mais un événement a tout bousculé. Le 21 février, cinq jeunes délurées issues d'un groupe punk baptisé Pussy Riot bondissent sur l'autel de la cathédrale et entonnent une chanson aux effets dévastateurs."Vierge Marie, chasse Poutine et toi, chien de patriarche, tu crois en Poutine alors que tu ferais mieux de croire en Dieu.""Une abomination !" s'étrangle Kirill. L'Eglise réclame des sanctions. Et les obtient. Les trois femmes arrêtées écopent de deux ans de camp (l'une d'elles sera relâchée après sept mois). Mais l'affaire enfle. Des chefs d'Etat et des stars occidentales volent au secours des Pussy Riot, contraignant Poutine à réagir."C'est une punition correcte", tranche-t-il. Le patriarche, lui, se tait. Il sait que son image est désormais écornée.
Car, en dépit de leur outrance, les "punkettes" ont révélé sa face obscure : une collusion profonde avec le pouvoir. Depuis son intronisation, il y a trois ans, Kirill multiplie les signes d'allégeance. Le point d'orgue ? Une petite phrase lâchée lors d'une rencontre avec Vladimir Poutine en début d'année."Votre présidence est un miracle", lui dit-il. La courbette de trop. Qui choque même une partie du clergé, jusqu'ici habitué à la pondération d'Alexis II, son prédécesseur, décédé en décembre 2008. Certes, ce dernier ne jouait pas les frondeurs, mais "il se concentrait sur la vie religieuse, souligne Alexeï Uminski, le prieur de l'église de la Sainte-Trinité, à Moscou.Kirill, lui, veut être un acteur politique".
Et il y parvient à merveille."N'écoutez pas les provocateurs, restez à la maison et priez, lance-t-il à la télévision en février, à la veille de manifestations organisées contre les fraudes des élections législatives.Les droits de l'homme sont un prétexte aux insultes contre les valeurs nationales", répète-t-il.
Agent double. Le patriarche est ainsi. Enjôleur, tribun et zélé. Lors de sa visite au Japon, il y a deux mois, il présente un livre dont il a rédigé la préface. Thème de l'ouvrage ? Le judo, sport favori de Poutine. Mais ce n'est pas tout. Sur son site, il couvre de louanges les dignitaires du régime pour leur anniversaire."Sous votre ministère, notre coopération s'est durablement renforcée",écrit-il à Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères le jour de ses 60 ans.
En juillet, il se rend sur le chantier d'une église destinée aux
"Grâce au patriarche, le pouvoir trouve un moyen de combler le vide idéologique laissé par la fin du communisme", affirme Sergueï Filatov, spécialiste de la religion. De fait, 90 % des Russes s'identifient désormais comme orthodoxes, même si moins de
Car le patriarche est le prototype de l'Homo sovieticus . Fils et petit-fils de prêtre, Vladimir Goundaïev grandit à Leningrad et entre dans les ordres à 20 ans."C'était un étudiant brillant, raconte Vladimir Sorokine, son ancien professeur de théologie,il a accompli son cycle en deux ans au lieu de quatre." Nommé évêque à 30 ans, il tient les rênes de l'Académie de théologie de Leningrad pendant dix ans. Et sert le régime."Aucun moine ne pouvait devenir évêque sans appartenir au KGB", raconte Gleb Yakounine, un prêtre défroqué ayant eu accès aux archives du KGB à la fin de l'URSS.
A l'époque, Kirill a déjà un nom de code : "Mikhaïlov". Il exerce même ses activités d'agent dès le début des années 70, lorsqu'il est nommé représentant du patriarcat à Genève. Il découvre là-bas le ski et les voitures de luxe. Jusqu'à son premier faux pas. Alors qu'il roule à pleine vitesse sur une route de montagne, sa BMW percute le bas-côté. A son bord, un colonel du KGB et son fils, victime d'une fracture de la clavicule. On précipite le retour de Kirill à Leningrad."Il a souffert de ne pas pouvoir revenir avec sa voiture allemande, se souvient Innokenti Pavlov, son ancien secrétaire particulier,il a alors équipé sa Volga de jantes de Mercedes."
Au poste de recteur de l'académie, il se démène. Et multiplie par trois le nombre de séminaristes. Il voyage aussi. En
En 1984, c'est la fin de l'état de grâce. Kirill est muté à Smolensk avec le titre d'archevêque."J'ai été accusé d'être un agent de l'influence occidentale sur la jeunesse", dira-t-il. Faux, évidemment. Simplement, il ne s'entend plus avec le successeur d'Andropov. Il séjourne là-bas quatre ans avant d'effectuer son grand retour. Cette fois à Moscou, à la tête du puissant département des relations extérieures du patriarcat. Un Etat dans l'Etat.
C'est l'époque de la perestroïka, des mafias et des fortunes vite bâties. Des hiérarques de l'Eglise cèdent à la tentation. Et Kirill s'enrichit."Il a touché sur tout, explique le journaliste Alexandre Soldatov, de Credo.ru, un site d'informations religieuses régulièrement bloqué par les autorités.Sur l'exportation de pétrole, le négoce d'alcool, le traitement des pierres précieuses à Smolensk, l'industrie du crabe au Kamtchatka, l'assemblage de BMW à Kaliningrad." Mais c'est avec le tabac qu'il touche le jackpot. Le principe ? Importer les cigarettes détaxées sous couvert d'aide humanitaire et les revendre deux fois plus cher. Un jeu d'enfant. D'autant que les Antonov du ministère des Situations d'urgence acheminent de nuit la cargaison à l'aéroport Cherentievo de Moscou. Résultat, au milieu des années 90, l'Eglise assure un quart de l'importation des cigarettes en Russie."Kirill a ainsi gagné son premier milliard de dollars", assure Soldatov.Aujourd'hui, le patriarche aurait gardé l'appétit des affaires. Il détiendrait des parts au sein de Peresvet, une banque de l'Eglise. Il siège aussi à la fondation de la cathédrale Christ-Sauveur, laquelle abrite dans ses sous-sols une blanchisserie, un atelier de réparation de pneus et une laverie pour voitures. Sans oublier les salles de réception parfois réservées aux défilés de mannequins ou aux campagnes de lancement des compagnies de télécoms."La loi prévoit la destitution du prêtre qui couvre de telles activités !" s'insurge Mikhaïl Anchakov, à la tête d'une association de consommateurs.
Il n'empêche. L'intéressé assume. Ainsi, en 2009, lors d'une réunion avec les mineurs du Donbass, en Ukraine, il arbore une montre Breguet estimée à 30 000 dollars."Les honnêtes gens paient pour tous ceux qui gagnent des millions avec du vent", leur lance-t-il. Son service de presse tentera bien de gommer l'encombrant bijou des photos officielles, mais le scandale éclate lorsque des internautes découvrent le reflet de la montre effacée sur le bureau.
Dérapage. Autre dérive : ses luxueuses résidences bâties à la hâte depuis son arrivée et voisines de celles de Poutine sur les bords de la mer Noire ou en Carélie. Il est aussi propriétaire d'un appartement à Moscou le long de la Moskva, évalué à près de 3 millions de dollars. Sans doute trop modeste à son goût. Car, en 20
Seulement, l'affaire révèle un autre dérapage : la présence à ses côtés d'une femme. Une cohabitation interdite par la loi orthodoxe. Son nom ? Lidia Leonova, fille, dit-on, d'un cuisinier employé au PC de Leningrad et rencontrée voilà trente ans."Un jour, pendant qu'elle nous servait des gâteaux, il me l'avait présentée, un peu gêné, en disant : c'est ma soeur", se souvient son ancien secrétaire Innokenti Pavlov.
Un péché de plus, mais qu'importe ! Le pouvoir a depuis longtemps accordé son pardon à Kirill
TOUTE-PUISSANCE
Le lobbying de l'Eglise paie. Depuis un an, les écoles peuvent enseigner " les fondements de la culture orthodoxe " aux élèves de 10 ans. 40 % des familles auraient donné leur accord. Les autorités religieuses se félicitent également de la probable adoption d'une loi punissant le blasphème de trois ans de prison. Elles peinent en revanche à intégrer des aumôniers dans l'armée, en raison de salaires insuffisants. Seuls une vingtaine d'entre eux officient au sein des bataillons.
EN BREF
La religion orthodoxe naît au lendemain du schisme entre Rome et Constantinople en 1054.
L'Eglise russe a pris son essor après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453. Le patriarcat de Moscou voit le jour en 1589.
Aujourd'hui, quatorze Eglises orthodoxes se considèrent autocéphales (juridiquement indépendantes), parmi lesquelles les patriarcats de Serbie, de Roumanie, de Bulgarie et l'Eglise grecque.
PARIS VAUT BIEN UNE MESSE
Retour à la case départ pour le projet d'église orthodoxe à Paris, plus précisément quai Branly, dans le 7e arrondissement. Le 21 novembre, la Russie a officiellement retiré la demande de permis de construire en raison, notamment, de l'hostilité de la mairie de Paris, qui dénonçait une " architecture de pastiche ", incompatible avec l'environnement. La construction d'un lieu de culte orthodoxe à l'emplacement de l'ancien immeuble de Météo France n'est cependant pas remise en question et un nouveau projet devrait être présenté prochainement
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