sâmbătă, 30 mai 2020

Le fauvisme ou la couleur pure

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Le fauvisme ou la couleur pure


Le fauvisme ou la couleur pure

Son château royal, le fort Saint Elme, la tour de Madeloc, le Cloître du Couvent et son port ont fait la renommée de Collioure, petite commune des Pyrénées orientales. C’est dans ce cadre teinté des couleurs du sud que Matisse et Derain ont ouvert la voie aux Fauves, provoquant la première révolution picturale du XXe siècle naissant.

Le 16 mai 1905, Henri Matisse est le premier à venir se réfugier dans ce hameau de bord de mer. Ce besoin de faire le point, de se ressourcer et de trouver aussi son propre style, l’ont conduit à s’échapper du tumulte parisien et des lieux de villégiature habituellement très prisés par les peintres. Les tons vifs et décalés, la lumière et la beauté de ce port adossé aux contreforts pyrénéens subjuguent l’artiste. Transporté par la magie des couleurs, Matisse souhaite partager son enthousiasme et invite son ami, André Derain, à venir le rejoindre. C’est ainsi que du 5 juillet au 24 août, ce dernier, autodidacte adepte de Cézanne, le rejoint et découvre ce décor de rêve.
Les deux hommes ne se ressemblent pourtant pas tellement dans leur style. Matisse est plus mature et plus intellectuel tandis que Derain est plus audacieux et plus aventureux (il a onze ans de moins !). Ils ont toutefois un même désir, se départir des modèles anciens et sortir de cet académisme qui pèse sur la peinture française. Ils veulent libérer l’art des commandes et des salons. C’est ainsi que ce mélange des genres va donner naissance à un nouveau mouvement pictural où la couleur domine : le fauvisme.
Pendant cet été 1905, Derain et Matisse peignent sans répit, transportés par la lumière et les couleurs du pays. Ils choisissent les mêmes lieux mais ne travaillent jamais au même moment ni à partir du même endroit. Certes, chacun garde son style mais les deux peintres ne se limitent plus à décrire simplement leur sujet. Ils transcrivent surtout leurs émotions rendant ainsi plus vivant leur tableau. Ils représentent les choses telles qu’ils les voient et non plus telles qu’elles sont. La couleur est le meilleur moyen de traduire ces sentiments. Elle devient subjective et expressive. Ce sont des couleurs pures et violentes posées en larges aplats et provenant directement du tube. Dès lors, la couleur prédomine sur les formes. Ces dernières sont simplifiées tout comme les ombres et les perspectives.
De cette période, une trentaine de toiles, une vingtaine de dessins et une cinquantaine de croquis ont été réalisés par Derain tandis que Matisse est revenu avec quinze toiles, quarante aquarelles et cent dessins. Des paysages du port à ceux du village en passant par des portraits croisés, les deux peintres ont traité un large panel de sujets.
Voilà le résultat de cet été fauve : Collioure vue par Matisse et Derain.


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Mais le fauvisme (cette revanche forte des couleurs, des lumières et du plein air qui va éclater et entraîner dans la peinture des bouleversements dont il était alors difficile de prévoir les conséquences) n’est pas né du néant, et plusieurs influences communes peuvent être reconnues dans les œuvres des fauves.
Ce mouvement s’inscrit dans la continuité des recherches entamées par Cézanne à l’époque des impressionnistes. Si la préoccupation du moment était le questionnement autour du regard et une approche quasi scientifique de l’étude de la couleur et des différents effets d’optiques, Cézanne, lui, se situait un peu en retrait. Sa recherche était muée par les mêmes préoccupations, mais la forme de son expression était bien différente et le caractère très personnel de son œuvre reflète bien son tempérament solitaire face à son propre cheminement artistique. Très vite, dans ses toiles, on peut observer une simplification des formes et un travail de la couleur par larges aplats de peinture. Sa volonté de trouver le moyen d’exalter pleinement la couleur le pousse à épurer toujours davantage ses images.
Cette notion est poussée encore un peu plus loin par Gauguin. Au cours de son voyage à Tahiti, il découvre la splendeur des couleurs du pays. Cherchant lui aussi à exprimer l’éclatement et l’intensité de ces teintes et lumières magiques qu’il observe, il aboutit à une simplification du dessin. Vers la fin de sa vie, Gauguin aboutit à des peintures où la couleur prend indéniablement le pas sur le dessin et s’exprime avec une intensité et une virulence encore jamais observées.
Les peintres fauves vont poursuivre cette voie ouverte et aller encore plus loin dans cette démarche. Le dessin tend alors à disparaître et laisse place à des taches colorées, surfaces posées en touches épaisses et larges de couleurs pures. Dès lors la forme se dessine directement par l’étendue colorée. C’est une expression sensuelle et spontanée.
Les néo-impressionnistes (Signac, Seurat, Luce) constituent également une source importante. Leurs touches particulières, qui juxtaposent des couleurs pures au lieu de les mélanger, laissant à l’œil du spectateur le soin d’effectuer un travail de recomposition, sont reprises par Matisse, qui fut élève de Paul Signac à l’été 1904, et qui les transmet à son tour à DerainLuxe, Calme et Volupté (1904) en est un exemple emblématique. Manguin lui-même est à la fois proche de Matisse, de Signac ou Henri-Edmond Cross, peintres divisionnistes s’il en est, tandis que Camoin fait directement référence à Manet par la concision de son dessin.
Les couleurs cristallines impressionnistes sont également reprises, notamment par Manguin, dont la palette est dominée par des tons jaunes et orangés lumineux. Raoul Dufy, quant à lui, reprend fréquemment le thème de la Rue Montorgueil de Monet, dans ses 14 juillet au Havre ou Rue pavoisée. Le déploiement des drapeaux en travers de la rue est prétexte au déploiement de la couleur, ce que Monet avait déjà remarqué, et que Marquet avait utilisé la même année (14 juillet au Havre). Néanmoins, la composition, avec les lignes des drapeaux qui s’entrecroisent, est très novatrice.
DufyMarquetMérodack-Jeanneau ou Girieud utilisent plutôt la technique de Gauguin, avec de grands aplats. Matisse et Derain n’hésitent pas non plus à s’en servir, et oscillent parfois entre les influences pointillistes et de Gauguin. Dans Japonaise au bord de l’eau, Matisse montre cette hésitation, en utilisant des touches assez longues quoique distantes l’une de l’autre, et même, à certains moments, des aplats. De même, Derain compose parfois ses toiles avec de larges rubans de couleurs (Le Faubourg de Collioure, 1905), alors que, dans des œuvres contemporaines (Bateaux dans le port de CollioureEffets de soleil sur l’eau), il n’utilise que de petites touches juxtaposées. Le style de Gauguin se retrouve dans un autre élément : l’utilisation du cerne autour des personnages. Celui-ci est particulièrement visible dans La Danse d’André Derain (1906).
Il est également important de souligner l’influence que Louis Valtat eut auprès de Matisse et des futurs fauves, RouaultMarquetCamoinManguinPuy et quelques autres qui suivaient en 1896 l’enseignement de Gustave Moreau à l’École des beaux-arts de Paris. Valtat présenta d’ailleurs, aux côtés de Kandinsky et Jawlensky, cinq peintures dans la salle XV du Salon d’automne de 1905 ; mais dès le Salon des indépendants de 1896, il exposa des peintures réalisées à Arcachon durant l’hiver 1895-1896, ainsi que quatre-vingts aquarelles, des dessins et des bois gravés qui comprenaient déjà des caractéristiques du fauvisme : des couleurs pures, des formes simplifiées, des perspectives abolies et des ombres supprimées.
Et, au-dessus de tout ça, n’oublions pas les figures tutélaires que sont Cézanne, Van Gogh ou Gauguin – sans oublier Monet.
On peut aussi remarquer que le fauvisme apparaît en France à la même période que l’expressionnisme en Allemagne. Mais si l’expressionnisme allemand se caractérise par une atmosphère tourmentée, parfois violente, la forme d’expressivité du fauvisme est tout autre. La dynamique de ce groupe est beaucoup plus positive et pleine de vitalité. Ces deux courants se retrouvent néanmoins dans leur rejet de l’art académique afin de privilégier la subjectivité de l’artiste et les contrastes colorés violents.

Henri Matisse, le maître

Henri Matisse, né le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis et mort le 3 novembre 1954 à Nice, fut le chef de file du fauvisme, dont André Derain, né le 10 juin 1880 à Chatou et mort le 8 septembre 1954 à Garches, fut également l’un des fondateurs.
C’est en 1901 que Matisse, Derain et Maurice de Vlaminck se rencontrent. Ensemble ils cherchent de nouvelles manières de peindre. Ils utilisent un dessin simple et juxtaposent des couleurs violentes pour traduire le mouvement et la profondeur. Au Salon d’automne de 1905, l’accrochage de leurs œuvres, avec celles d’Albert Marquet et Kees Van Dongen provoque un scandale par leurs couleurs pures et violentes posées en aplat. À la vue de ces tableaux regroupés dans une même salle (la salle 7 où sont rassemblés 5 Camoin, 9 Derain, 5 Manguin, 5 Marquet, 10 Matisse et 5 Vlaminck), le critique Louis Vauxcelles compare l’endroit à une « cage aux fauves ». L’appellation de « fauve » est aussitôt adoptée et revendiquée par les peintres eux-mêmes.
Cette période marque pour Matisse la reconnaissance de son travail, lui permettant enfin une relative aisance matérielle. Devenu chef de file, Matisse publie en 1908 un article intitulé : Notes d’un artiste. La couleur pure. Celui-ci fait figure de manifeste dans toute l’Europe… Matisse est le seul peintre du groupe à conserver son style jusqu’à la fin de sa vie.
En 1933, Matisse fait poser un nouveau modèle : Lydia Delectorskaya. Lui qui, jusque là, peignait surtout des brunes (Mme Matisse, ou Lorette, un modèle italien professionnel) trouve une nouvelle inspiration auprès de cette blonde slave (elle est né à Tomsk, en Sibérie occidentale). Elle a vingt-trois ans. Modèle, puis aide d’atelier et secrétaire de Matisse, garde-malade et dame de compagnie de sa femme, elle restera finalement vingt ans avec le peintre, jusqu’à sa mort.
« Trois éléments sont essentiels à l’inspiration de Matisse, écrit Lydia Delectorskaya dans son deuxième livre Contre vents et marées, la vie intérieure du modèle, un esprit éveillé, la parure. Dès la première séance, Matisse faisait essayer à chaque nouveau modèle qui avait éveillé son intérêt, plusieurs robes de sa réserve ». Le troisième point fondamental était « un corps expressif, harmonieux ».
Lydia répond magnifiquement à ces trois critères qui feront naître peut-être les plus beaux dessins et peintures de Matisse. Jamais, il ne se lassera de la dessiner et de la peindre. Jusqu’en 1939, Matisse enchaîne les dessins et les peintures d’après cette femme à la souplesse de danseuse, aux canons de beauté idéale.
Mais en 1941, atteint d’un cancer, Matisse est hospitalisé à la clinique du Parc de Lyon. Il utilise alors la technique des gouaches découpées et commence la série Jazz. Puis il s’installe à Vence. En 1945, une grande rétrospective est organisée au Salon d’Automne. Il réalise les cartons de tapisserie Polynésie, le Ciel et Polynésie, la Mer et commence à travailler à partir de 1949 au décor de la chapelle du Rosaire de Vence. En 1952 a lieu l’inauguration du musée Matisse du Cateau-Cambrésis, sa ville natale. Il réalise la gouache découpée La Tristesse du roi, tableau « plus proche même de la peinture classique que Matisse ne l’a jamais été…, son dernier autoportrait…, le portrait d’un vieillard ».
Il meurt à peine deux mois après Derain.
Le travail de Matisse a influencé toute une génération, mais bien au-delà : Jackson Pollock, Mark Rothko, Barnett Newman… tous ont partagé une même vénération pour Matisse.
Et maintenant, place à la peinture totale, avec un des grands maîtres de cet Art, Henri Matisse…
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André Derain, fauve… mais pas que !

Voici une rapide galerie de sa période fauve (sa biographie et une galerie d’œuvres plus complètes sont visibles ici) :
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Kees van Dongen, fauve et mondain

Kees van Dongen est né à Delfshaven, alors une ville de la banlieue de Rotterdam qui en est devenue un quartier, dans une famille appartenant à la classe moyenne. Il était le deuxième d’une fratrie de quatre enfants. En 1892, à l’âge de 16 ans, Kees van Dongen débute ses études à l’Académie royale des Beaux-Arts de Rotterdam. Durant cette période (1892–97), van Dongen fréquente le quartier rouge du port maritime, où il dessine des scènes de marins et de prostituées. En 1897, Van Dongen vit à Paris depuis quelques mois. En décembre 1899, Von Dongen revient à Paris pour rejoindre Augusta Preitinger « Guus », qu’il avait rencontrée à l’Académie. Ils se sont mariés le 11 juillet 1901 (ils ont divorcé en 1921).
En 1904, il expose au salon des indépendants et rencontre Maurice de Vlaminck et Henri Matisse. Bientôt, il commence à exposer ses œuvres à Paris, notamment l’exposition controversée de 1905 du Salon d’automne à l’origine de l’appellation Fauves.
Durant ces années, Van Dongen fait partie d’une vague de peintres d’avant-garde avec Maurice de Vlaminck, Othon Friesz, Henri Rousseau, Albert Marquet, Robert Delaunay, Edouard Vuillard, qui incarne l’espoir d’un renouvellement dans la peinture coincée dans le néo-impressionnisme. En 1906, le couple déménage au Bateau Lavoir dans le 13e arrondissement, rue Ravignan, où ils sont amis avec le cercle entourant Pablo Picasso et sa compagne Fernande Olivier. Van Dongen est aussi brièvement membre du mouvement expressionniste allemand Die Brücke (en 1908).
Après la Première Guerre mondiale, il s’installe près du bois de Boulogne et fréquente les milieux privilégiés. Il vit notamment dans le palais de marbre rose du Vésinet, appartenant à la marquise Luisa Casati. Portraitiste à la mode, il peint surtout des femmes de la haute société : « L’essentiel est d’allonger les femmes et surtout à les rendre minces. Après cela, il ne reste plus qu’à agrandir leurs bijoux. Elles sont ravies. »
Il est décoré de la Légion d’honneur en 1922. Mais ce n’est qu’en 1929 qu’il obtient la nationalité française. Il préside le jury de Miss France 1929 et de Miss France 1939.
En octobre 1941, en compagnie d’autres peintres et de sculpteurs tels que Charles Despiau, Paul Belmondo, Derain, Dunoyer de Ségonzac, ou encore Vlaminck, Van Dongen accepte de participer à un « voyage d’études » en Allemagne organisé par Arno Breker, le sculpteur officiel du Reich. Bien que la contrepartie de ce déplacement, vivement « conseillé » par le gouvernement allemand, devait être la libération d’artistes français alors prisonniers de guerre, ce voyage dans l’Allemagne nazie leur fut à tous sévèrement reproché. Ce voyage fut en outre très largement exploité par la propagande nazie.
Van Dongen est mort, à l’âge de 91 ans, le 28 mai 1968 à Monaco.
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Maurice de Vlaminck

« Je n’ai jamais rien demandé. La vie m’a tout donné. J’ai fait ce que j’ai pu. J’ai peint ce que j’ai vu. ». Ces lignes couchées sur son testament et retranscrites sur sa pierre tombale résument parfaitement qui était Maurice de Vlaminck (1876-1958).
Né à Paris dans une famille de musiciens d’origine belge, il est, avec Derain et Matisse, considéré comme l’une des principales têtes du mouvement Fauve. Son père lui apprend tôt à jouer du violon. C’est à la fin de son adolescence qu’il commence à peindre. En 1893, Vlaminck étudie avec un peintre nommé Henri Rigalon sur l’Ile de Chatou mais refuse de se former en copiant dans les musées afin de ne pas perdre ou affadir son inspiration. Il se marie en 1896 avec Suzanne Berly, avec qui il aura trois filles.
Le tournant de sa vie est une rencontre fortuite dans un train pour Paris, vers la fin de son service militaire. Vlaminck, alors âgé de 23 ans, y rencontre un artiste en herbe, André Derain. Leur amitié ne se démentira jamais. Lorsque Vlaminck termine son service militaire en 1900, ils louent ensemble un studio avant que Derain parte à son tour à l’armée. En 1902 et 1903, Vlaminck écrit deux romans pornographiques, illustrés par Derain. Mais la période est difficile financièrement pour le peintre, chargé de famille, et il est obligé de gratter d’anciennes peintures pour en récupérer les toiles. Peignant la journée, il gagne sa vie en donnant des leçons de violon, en jouant la nuit dans des groupes ou, parfois, en remportant des courses cyclistes.
En 1905, il s’installe à Rueil-Malmaison, tandis que Derain gagne le midi, comme beaucoup d’artistes de ce temps. Vlaminck fait le choix de rester en région parisienne, peut-être par goût, mais également probablement par manque de moyens. Il participe, cette année-là, à son premier Salon des indépendants. Vlaminck est l’un des peintres qui font scandale lors du salon d’automne de 1905, dit « La cage aux fauves ». Le marchand de tableaux Ambroise Vollard (qui révéla Cézanne, Gauguin, van Gogh, Matisse, Picasso) s’intéresse à son œuvre dès l’année suivante et contribue énormément à sa reconnaissance (il lui achète de nombreuses toiles, lui consacre une exposition en 1908). Vlaminck noue également des liens avec Daniel-Henry Kahnweiler, le marchand d’art et le promoteur des quatre mousquetaires du cubisme : Picasso, Braque, Gris et Derain. Il commence également une activité de céramiste. Il fait plusieurs expositions internationales durant ces années.
Pendant la Première guerre mondiale, Vlaminck, ayant alors trois filles, n’est pas envoyé au front et, affecté dans une usine de la région parisienne, commence à écrire de la poésie. Finalement, Vlaminck s’installe dans la banlieue nord-ouest de Paris, où il épouse sa seconde femme, Berthe Combes, avec qui il a deux filles. À partir de 1925 Vlaminck s’installe à la Tourillière, à Rueil-la-Gadelière (Eure-et-Loir), une belle demeure dont il est tombé amoureux en passant devant à moto et en voyant le panneau « à vendre ».
Durant la seconde guerre mondiale, Derain fricote avec l’occupant, participe au voyage en allemagne (avec van Dongen, Derain, etc.) organisé par la propogande nazie et écrit plusieurs articles où il dit tout le mal qu’il pense de Degas, de Matisse, de Picasso (« figure de moine à tête d’inquisiteur » à « l’apparence d’un monstre » qui a conduit la peinture française « dans une mortelle impasse, dans une indescriptible confusion »)… À la libération, le Comité National des Écrivains condamne Vlaminck à l’interdiction de publication.
Après la guerre, Vlaminck vit retiré à la Tourillière, jusqu’à sa mort en 1958. Son buste, réalisé par son ami Paul Belmondo (sculpteur, qui était aussi du voyage en Allemagne – et père de l’acteur), trône à quelques pas de la mairie du village.
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Raoul Dufy

Bio à venir.
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Othon Friesz

Bio à venir.
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Henri Manguin, le fauve heureux

« Le peintre voluptueux », c’est ainsi que Guillaume Apollinaire le surnommait. Loin des artistes maudits dont le désespoir se lit sur les toiles, Henri Manguin se montre doué pour le bonheur et son œuvre, lumineuse et colorée, s’en ressent. « Doué pour le bonheur, doté d’une sensibilité particulière aux promesses de la nature, Manguin est un fauve ardent. Son instinct le porte à privilégier d’éclatantes harmonies, sans mettre en péril la cohésion des formes », précise le catalogue d’une exposition qui lui a été consacrée en 2018 à la Fondation de l’Hermitage, à Lausanne.
Henri Charles Manguin est né à Paris en mars 1874 et mort à Saint-Tropez en septembre 1949. En 1889, Henri Manguin abandonne ses études au lycée Condorcet à Paris pour se consacrer à la peinture. En 1894, Henri Manguin s’inscrit aux cours du peintre symboliste Gustave Moreau aux Beaux-Arts. Il y retrouve Henri Matisse et Albert Marquet, déjà croisés à l’École des Arts décoratifs. Quatre ans plus tard, il fait installer dans le jardin de son immeuble de la rue Boursault un atelier démontable où les anciens des Beaux-Arts se retrouvent et partagent les frais des modèles.
En 1899, il épouse Jeanne Carette qui sera, à quelques exceptions près, son unique modèle – avec qui il a trois enfants. Il expose à la galerie Weill et au Salon de la Société nationale des beaux-arts. En 1902, il participe pour la première fois au Salon des indépendants. En 1904, Manguin découvre Saint-Tropez et se lie avec Paul Signac. Il expose cinq toiles au Salon d’automne de 1905 avec les autres fauves.
Dès 1906, le succès auprès des marchands et des collectionneurs est au rendez-vous. Ambroise Vollard lui achète cette année là cent cinquante œuvres, tandis que l’année suivante, Bernheim-Jeune acquiert un ensemble de toiles et dessins et que la galerie Druet lui propose une exposition personnelle.
Manguin voyage : avec Matisse il découvre Collioure, avec Marquet, l’Italie. A partir des années 1910, il se rend régulièrement en Suisse, où il se rapproche d’un célèbre couple de collectionneurs qui apprécie particulièrement ses œuvres, les Hahnloser-Bühler. Il passe sa vie en famille, entre Paris et le Sud de la France, où il se sent bien et aime travailler, à Saint-Tropez comme à Sanary. Après la flambée fauve, il quitte le terrain de l’avant-garde pour une esthétique plus nuancée. Il se tient à l’écart des courants qui se forment, continue ses recherches en marge de la vie artistique parisienne, dans une permanence qui n’exclut pas une émotion sans cesse renouvelée. Malgré ce relatif éloignement, les marchands et collectionneurs continuent à défendre son travail et l’artiste reste en contact avec ses amis peintres, tout particulièrement Albert Marquet, de qui il sera toute sa vie proche, dans un rapport de sincère affection et d’émulation artistique.
Contrairement à la plupart de ses collègues fauves, il sera resté fidèle à l’esprit du fauvisme durant toute sa vie… Dans les toiles de Manguin, le paysage apparaît luxuriant, voire primitif, mais sans jamais être farouche. Il se veut être la rassurante évocation d’un Eden retrouvé qui, à cette époque, taraude de nombreux peintres, à l’instar de Matisse, Bonnard, Signac, Cross et d’autres. On y lit aussi, notamment à travers l’attachement qu’il laisse percer pour ses modèles, la plénitude du bonheur conjugal et familial. Toute la difficulté fût pour lui, au fil de ses recherches, « d’harmoniser ». Mettre non seulement en harmonie les corps avec la nature, mais aussi le rendu de l’expression picturale avec les émotions ressenties. Enfin, mettre en harmonie les couleurs sur la toile. Cet équilibre dans les tons, il ne le recherche pas au regard de préceptes académiques mais selon des conceptions personnelles et novatrices, qui n’excluent pas la juxtaposition de certaines stridences. Elles seront peu à peu atténuées par l’emploi de plus en plus fréquent de plages de violet, auxquelles il assignera le rôle de liant dans la composition.
[Les deux derniers paragraphes viennent d’un texte publié par la www.galeriepentcheff.fr]
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Louis Valtat, le précurseur oublié

« Les peintres heureux n’ont pas d’histoire » disait Louis Valtat. C’est peut être pour cela qu’il fait partie des oubliés de l’Histoire de l’Art… Longtemps considéré comme « un petit maître » ou comme « le second violon » de la modernité, Valtat est pourtant un précurseur du fauvisme.
Louis Valtat est né à Dieppe en 1869 dans une famille bourgeoise. Son papa est un riche armateur sensible aux arts. Il sera ainsi un bourgeois heureux, rentier toute sa vie ! Il bénéficiera d’une aisance financière qui le dispensera de la nécessité de vendre sa peinture pour en vivre.
Il fait ses études à Versailles et, animé très tôt d’une vocation artistique, il entre aux Beaux-Arts à Paris tout en suivant les cours de l’Académie Julian. Il expose régulièrement à partir de 1889. Il a à peine 20 ans. Louis Valtat retient très tôt (en 1900) l’attention d’un grand marchand d’art : Ambroise Vollard avec qui il signe un contrat. Celui-ci lui achètera une grande partie de sa production. « Patience ! Un jour, on s’apercevra que Valtat est un grand peintre » aurait-il prophétisé.

L’appel du Sud

Ayant contracté la tuberculose, c’est en tant que convalescent que Louis Valtat découvre la lumière intense du Midi en 1895, bien avant que les fauves ne s’y rendent à leur tour. Natif du Nord il tombe éperdument amoureux du Sud, de ses calanques, des ses pins tourmentés, de ses falaises de porphyre rouge. Les couleurs intenses et lumineuses du Midi vont faire flamber sa palette ! C’est dans sa relation avec cette région solaire que se développe son expression. Cette lumière l’incite à exacerber les contrastes, à saturer les tons. Ses toiles se couvrent de couleurs éclatantes. Ses formes se simplifient. Il devient fauve malgré lui.
Il rapporte de ses séjours à Banyuls, Collioure, Agay, des paysages éclatants où il laisse libre cours à sa touche en arabesque. Pochades réalisées en plein air ou compositions plus importantes, il peint la côte varoise pendant plus de vingt ans. L’immense majorité de son œuvre est réalisée dans le Midi.
Pendant leurs séjours à Anthéor, les Valtat traversent souvent l’Estérel, parfois à bicyclette, pour aller voir Auguste Renoir qui à cette époque loue la “Maison de la Poste” à Cagnes. La distance séparant Anthéor de Saint-Tropez étant d’environ 40 kilomètres, des visites à Paul Signac se font facilement dans la journée à bord de la Bollée, voiturette à pétrole que Valtat tient de Signac en échange de sa peinture Le Cap Roux. Maximilien Luce est également un de ses amis.
Au Salon d’Automne en 1905, il figure parmi les jeunes peintres présents dans la fameuse « cage aux fauves »…
On sait peu de choses de cet homme discret né en 1869 et décédé en 1952, mais quelques témoignages le décrivent comme une personnalité bienveillante et sans histoire. Ses nombreux autoportraits le montrent avec un beau visage paisible orné d’une barbe et d’une moustache. Dans ses bras, il tient tantôt un chat, tantôt un chien. Il est affublé d’une casquette ou d’un canotier.
Scènes d’intérieur, scènes de genre, portraits, paysages, marines, peintre de grand air, Louis Valtat est aussi un peintre de l’intime. Il a souvent peint ses proches. Son fils, Jean, né en 1908 devient son modèle favori ainsi que son épouse Suzanne, qu’il a épousée en 1900. Son jardin de Choisel, petit village de la Vallée de Chevreuse où il a acquis une petite propriété en 1924, comme les fleurs et les fruits qu’il y cultive sont également ses motifs de prédilection.
Il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1927.
Dans les années 40, il ne quitte plus guère son domicile parisien, rue de Wagram. Il devient pratiquement aveugle à la suite d’un glaucome et il doit cesser de peindre. Ses dernières peintures datent de 1948. Il s’éteint le 2 Janvier 1952.
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Autres fauves français

Avec les précurseurs : Paul CézanneVincent van GoghPaul GauguinFelix VallottonMaximilien LuceHenri-Edmond CrossClaude MonetArmand Guillaumin.
Et les fauves Charles CamoinAlbert MarquetGeorges BraqueJean PuyAuguste ChabaudAndré LhoteAlfred LombardPierre GirieudAlexis Mérodack-JeanneauJean MetzingerRobert Delaunay.
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Autres fauves européens

Voici des peintres européens pour lesquels l’usage expressif de la couleur est primordial. Sont-ils fauves, apparentés – ou expressionnistes ? Derrières les différences, les ressemblances sont tout de même là, qui justifie leur présence dans cet article. Avec, comme autre figure tutélaire, celle du norvégien Edvard Munch, notamment pour l’Allemagne et l’Europe centrale.
Avec les allemands de Die Brücke (Ernst Ludwig KirchnerErich HeckelKarl Schmidt-RottluffMax PechsteinEmil Nolde), les russes de Der Blau Reiter (Vassily KandinskyAlexej von Jawlensky) ou du Valet de Carreau (Aristarkh LentúlovMikhail LarionovNatalia GoncharovaIlia Machkov) – mais aussi Filipp Malyavin, des suisses (Cuno AmietGiovanni Giacometti), les fauves hongrois (Sàndor ZifferVilmos Perlrott CsabaJózsef Rippl-RónaiGéza Bornemisza), des néerlandais (Piet MondrianJan SluytersLeo GestelJacoba van Heemskerck), les belges du Fauvisme brabançon (Rik WoutersJos AlbertJehan FrisonJean Vanden EeckhoudtFelix De Boeck), des tchèques (František KupkaBohumil KubištaEmil Filla), des ukrainiens (Kasimir MalevitchSophie Stern Terk – future Mme Delaunay), un écossais (Samuel John Peploe), des espagnols (Francisco IturrinoJuan de Echevarría)… et un américain (Alfred Henry Maurer – qui a vécu en France de 1897 à la Première guerre mondiale).

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